Les Détours de Babel, ce n'est pas seulement un festival musical. C'est aussi un grand nombre de rencontres culturelles, débats, conférences et ateliers pédagogiques. Depuis deux ans, Vincent Tournoud est chargé d'actions culturelles, relations avec les publics et partenariats pour le festival. L'objectif est notamment d'ouvrir les portes au grand public. Rencontre. Propos recueillis par Guillaume Renouard
Ateliers de découverte, conférences, débats, sorties scolaires... Quel est le but de ce programme ?
Vincent Tournoud : Pendant le festival, nous proposons un certain nombre de rendez-vous culturels, qui permettent soit d'aller plus loin sur une thématique abordée par un concert, soit de rendre plus accessibles les prestations du festival. Pour ce qui concerne le premier objectif, nous organisons par exemple un colloque sur l'énergie sonore. Et pour le second, nous faisons notre possible pour attiser la curiosité du public.
La curiosité ?
Oui, étant donné que le festival est tourné vers la musique de création, la plupart des concerts n'ont jamais été joués ailleurs. Les spectateurs n'ont donc aucune idée de ce qu'ils vont voir, ce qui peut en freiner plus d'un. Nous tâchons de faire en sorte que ce caractère inédit suscite la curiosité et non l'appréhension.
Comment familiariser le grand public avec ce type de musique ?
Nous organisons de nombreux concerts scolaires, à l'Espace 600, au Jardin des plantes ou encore au Musée dauphinois. Par exemple, nous proposons cette année un concert intitulé La Lobaye, rencontre entre un guitariste algérien et un groupe de Pygmées de Centrafrique (photo). Nous avons organisé une rencontre entre le guitariste et l'association Le Prunier sauvage, à Mistral. Il leur a expliqué sa vision de la musique et leur a donné quelques conseils techniques.
Nous ouvrons également certaines répétitions aux Grenoblois détenteurs du pass culture, ainsi qu'aux élèves d'écoles de musique, en fonction des demandes et manifestations d'intérêt des professeurs.
Enfin, on essaie de pratiquer des tarifs accessibles. Tout ce qui est masterclass, ateliers et autres est gratuit. D'autres activités, comme les brunchs, sont proposées à prix libre et les places de concert sont vendues à des tarifs raisonnables. La musique savante n'est pas réservée à une élite.
Cette année, le thème met la nature à l'honneur. Un autre moyen de fédérer ?
Nous organisons plusieurs évènements en lien direct avec le thème, en partenariat avec des associations locales. Avec la Frapna et la Ligue pour la protection des oiseaux, nous proposons deux conférences : « La musique des arbres » et « La musique des oiseaux ». Nous avons aussi mis en place des conventions et partenariats avec la Maison de la nature afin qu'ils communiquent sur le festival auprès de leurs adhérents. Une table ronde sur le thème du changement climatique, avec plusieurs laboratoires et artistes, est également prévue au programme.
Enfin, nous avons comme chaque année un grand projet fédérateur. Il s'agit cette fois-ci du projet Flowers 2.0. À partir de bouteilles en plastique issues de la récup', nous avons proposé à des écoliers de la région, mais aussi à des patients d'établissement hospitaliers, de réaliser 2 000 fausses fleurs, qui sont placées dans le Jardin des plantes pour toute la durée du festival. Le projet est coordonné par un artiste, Pierre Estève, qui s'occupe de recréer l'écosystème sonore d'une forêt uniquement avec des bruits de plastique.
Comment savoir si ça marche ? Quelle proportion du public concerné par les actions se rend ensuite aux concerts ?
Les personnes qui ont participé à une action ont droit à des tarifs réduits, ils viennent donc en groupe, ce qui permet de les repérer. Sinon, on le voit surtout à l'enthousiasme, quand à la fin d'un atelier, les gens posent des questions et demandent des infos, ça témoigne de leur intérêt pour le festival.
Afin d'améliorer le dispositif, nous avons mis en place des questionnaires distribués lors de chaque action. Nous demandons aux participants leur âge, leur CSP et comment ils ont eu l'information. La plupart du temps, c'est un relais, un groupe d'amis ou une association qui les a mis au courant de l'évènement.
Nous sommes également très heureux de constater que la fréquentation augmente d'année en année. Nous attendons environ 20 000 personnes pour cette édition.
Les Détours de Babel, jusqu'au 12 avril à Grenoble et dans l'agglo.
Rencontre professionnelle rassemblant des membres du milieu musical, centrée sur les moyens d'élargir le public, mardi 8 avril à la Rampe, toute la journée
Plus d'informations sur www.detoursdebabel.fr