Les événements à ne pas manquer pendant Les Détours de Babel. FC
Choc des cultures
Grands frissons artistiques prévus dès ce samedi dans l'enceinte de la Maison de la Culture. Pour ce qui est de la claque sonore, la scène accueillera le groupe Phat Jam, la réunion inespérée entre le grand saxophoniste de jazz Archie Shepp (photo) et le rappeur / beat boxer Napoléon Maddox. Ce dernier, au sein de sa formation IsWhat ?!, a plus que fait ses preuves en louvoyant notamment sur des sentiers artistiques dont les sonorités percussives vous font du rentre-dedans jusqu'à ce que vous vous abandonniez totalement, désarmé, sous le charme – écoutez son You figure it out et défaillez donc. Citant à tour de bras l'héritage musicalement revendicatif de Charles Mingus ou de John Coltrane, il était assez logique qu'il saisisse l'opportunité de travailler avec Archie Shepp sur un projet commun : Phat Jam, c'est son nom, ne trahit ni l'un ni l'autre, mais assemble leurs caractéristiques respectives avec bonheur. Et quand on sait qu'en plus, le groupe sera rejoint sur scène par la compagnie de danse sud-africaine Via Katlehong, l'une des plus inventives et explosives représentantes de la danse pantsula, quelque chose nous dit que la soirée s'annonce mythique.
Samedi 9 avril à 19h30, à la MC2
Les cercles
Exigeant, le projet Yama's Path proposé par les membres de l'association Asa Djinnia est également propice à des expérimentations carrément ludiques dans le domaine de l'improvisation, de l'interaction entre musique et vidéo, ou même dans la façon d'appréhender l'installation en soi. Inspiré de la Roue de la vie, diagramme à la haute importance symbolique dans la culture tibétaine, ce très singulier ciné-concert propose un accompagnement sonore à quatre films d'animation reprenant très librement les thèmes du cycle de l'existence. Conçus majoritairement selon les techniques du collage, les films reprennent des images fortes, les dévoient, les triturent pour coller au mieux à l'essence d'un projet en perpétuel mouvement. En effet, les musiciens, disposés en cercle au beau milieu d'un gigantesque “roulement à bille“, doivent renouveler leurs jeux à chaque représentation, en se basant uniquement sur quelques postulats sonores faisant la part belle à l'affrontement cordial entre acoustique et électronique.
Mardi 12 avril à 20h, à l'Hexagone (Meylan)
Fête en Réunion
Qu'on se le dise, pour les Détours de Babel, le samedi, c'est bal. Le 9 avril, Fred Galliano et le Kuduro Sound System feront trembler la Bastille (voir la chronique dans nos pages Insomniak). La semaine suivante, une soirée aux apparences furieusement festives se profile à la salle l'Heure Bleue de Saint-Martin-d'Hères ; la thématique réunionnaise y sera honorée sous de multiples formes. Avec l'apport indispensable d'un habitué des salles de l'agglomération grenobloise, le fameux René Lacaille et ses dalons, qui devraient faire guincher sévèrement le public avec leur générosité coutumière. Ils seront suivis de près par la rencontre très attendue entre la formation maloya Groove Lélé, le performer vocal sénégalais hors pairs Mola Sylla et le violoncelliste Ernst Reijseger, bien connu des habitués des 38e Rugissants pour sa curiosité musicale toujours à propos. Enfin, la soirée se conclura sous les bons auspices électroniques de Jako Maron (photo), dont les beats fusionnent avec juste ce qu'il faut de fureur les musiques traditionnelles et les rythmiques électro.
Samedi 16 avril à 20h, à l'Heure Bleue (Saint-Martin-d'Hères)
Un piano andalou
Une autre grande confrontation aura lieu à la MC2 à la grâce de cette première édition des Détours de Babel, celle du pianiste tout terrain Alexandre Tharaud avec la voix d'Alberto Garcia (photo). C'est à l'invitation du premier que l'un des plus fameux chanteurs flamenco en France va venir faire vibrer les murs de la Maison de la Culture, pour un duo qui devrait satisfaire pleinement, pour ne pas dire épuiser, tous les mélomanes se respectant un minimum.
Mercredi 20 avril à 19h30, à la MC2
Cause combat
Autre habitué des 38e Rugissants, le compositeur libanais Zad Moultaka revient en terres grenobloises avec Zajal, un opéra de chambre basé sur la tradition moyen orientale des joutes oratoires. Connaissant les inclinations esthétiques frondeuses de l'artiste, l'on se doute bien qu'il ne va cependant pas se plier totalement sous le poids de cet imposant héritage culturel, mais bien jouer avec. En commençant, déjà, par confier le rôle principal, un personnage masculin, à la contralto Fadia Tomb el-Hage, là où la tradition voudrait justement que même les rôles féminins soient campés par des hommes. Ensuite, Zad Moultaka va n'avoir de cesse de confronter les médias et artistes entre eux : projections vidéos, dispositif de diffusion électroacoustique, un trio de percussionnistes, sept musiciens de l'ensemble Ars Nova dirigé par Philippe Nahon... Zajal promet d'être une expérience unique, un souffle d'air frais dans les carcans parfois étriqués des hommages rendus par la création contemporaine aux pratiques traditionnelles.
Jeudi 21 avril à 19h30, à la MC2