Rencontre / La journaliste récemment licenciée de "L'Obs" sera mardi 6 décembre à Grenoble dans le cadre d'un débat intitulé « L'État de la presse : réalités et enjeux ». Son constat est sévère.
« Il était difficile d'imaginer que, face à un système aussi performant dans l'identification de déviances même minuscules, un individu puisse réussir à passer à travers les gouttes des années durant. Avec le recul, je ne peux du reste m'expliquer entièrement l'anomalie que j'avais fini par devenir... » Nous non plus nous ne comprenons pas, à la lecture de son roman à clés Le Monde libre, comment la journaliste Aude Lancelin a pu rester si longtemps à L'Obs, ex-Nouvel Observateur, de surcroit à un poste si important. Une question à laquelle elle tente de répondre, à la suite de son licenciement brutal, dans un texte très dur pour son ancien employeur d'abord, et pour toute la profession surtout.
Car plus que par sa construction ou ses qualités littéraires, Le Monde libre frappe fort (et juste visiblement) en dépeignant une presse de gauche inféodée à de nombreuses puissances : politiques (Hollande aurait participé à son éviction, lui reprochant insidieusement d'être trop proche de la gauche de la gauche), médiatiques (le chapitre sur BHL est savoureux) et surtout économiques (coucou Bergé, Niel et Pigasse).
La discussion publique « L'État de la presse : réalités et enjeux », organisée par le Club de la presse et où elle interviendra, avec également le journaliste Laurent Mauduit, cofondateur de Mediapart et auteur de Main Basse sur l'Information, promet donc d'être passionnante. Et un poil démoralisante.
Aude Lancelin + Laurent Mauduit
À Maison du tourisme de Grenoble, mardi 6 décembre à 20h. Dédicace en amont à 17h30 à la librairie Decitre