Jeudi 1er février, la Cinémathèque de Grenoble propose une soirée pour dire l'horreur des camps de la mort.
La voix aigrelette et froidement monocorde de Michel Bouquet pour parler de l'indicible. Pour dire l'innommable des camps de la mort, à travers les mots sobres du poète et romancier Jean Cayrol accompagnant un mélange d'images d'archives et de ruines. Des ruines filmées après la catastrophe, dévorées par l'abandon, gagnées par la végétation et surtout hantées par l'absence de celles et de ceux qui furent ici, avec une barbarie méthodique, exterminés.
Court-métrage au minimalisme glaçant, Nuit et brouillard (1956) d'Alain Resnais est une leçon d'Histoire marquante, autant que d'éthique cinématographique : l'évocation convoque l'horreur, sans qu'il soit "nécessaire" de recourir à l'obscénité de la monstration. Dix ans après la révélation au monde entier stupéfait de l'existence des usines de mort nazies, ce film constitue le socle d'un traitement réfléchi et digne d'une des pires ignominies jamais accomplies. Ainsi qu'un pense-bête moral à l'attention des mémoires défaillantes – il fut ainsi diffusé sur toutes chaînes de télévision en 1990 après la profanation du cimetière juif de Carpentras.
La Cinémathèque le projette dans le cadre de son "Rendez-vous du musée" en partenariat avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère, complétant la séance par le film Le Fils de Saul (2015, photo) de László Nemes, étouffant drame s'attachant à montrer la persistance d'une humanité farouche au sein de l'insoutenable univers concentrationnaire. Les deux films seront présentés par Jean-Pierre Andrevon et, naturellement, suivis d'un débat.
Nuit et Brouillard + Le Fils de Saul
Au cinéma Juliet Berto jeudi 1er février à 20h