Essai / Un essai féministe signé par une ado grenobloise de 16 ans décrit de façon limpide le cheminement de la génération post MeToo contre le sexisme. Candice De Léo, autrice de "Et si les princes portaient des robes ?", présentera son ouvrage à la librairie Gibert Joseph mercredi 6 juillet.
C'est un petit livre d'apprentissage, un essai qui va droit au but, écrit par l'Iséroise Candice De Léo à l'âge de 16 ans (elle en a 18 aujourd'hui). Et si les princes portaient des robes ? raconte, en 152 petites pages, la découverte du féminisme par une adolescente d'aujourd'hui. Ou comment ce que l'on ne remarquait même pas il y a une ou deux générations (seules les filles de la fratrie font la vaisselle, le tabou autour de l'apparition des premières règles, sans parler de celui qui étouffe la masturbation féminine) est intolérable pour une jeune femme d'aujourd'hui. Une jeune femme d'aujourd'hui qui, forte de ces constats dans sa vie quotidienne, se renseigne et accède, via les réseaux sociaux, à une somme de documentation sur le sujet, sans pour autant délaisser les autrices socles du féminisme, de Gisèle Halimi à Virginie Despentes, en passant par Olympes de Gouges. Ces monuments de la cause côtoient, dans un quatrième chapitre qui ressemble à une bibliographie, la chanteuse Angèle, la Youtubeuse Natoo ou le compte Instagram Coucou les girls. Candice De Léo est dans son époque.
Et si les princes portaient des robes ? ne révolutionnera pas les bibliothèques féministes. Mais il est un témoignage limpide du cheminement intellectuel de la génération post MeToo, à conseiller à cette dernière, comme à tous les parents dont les ados parlent en "cisgenre" et usent de l'écriture inclusive.
Primée par Grenoble Alpes Métropole
Droite sur sa chaise, sérieuse et concentrée, Candice De Léo, frange courte, piercing et khôl appuyé sur les paupières, déroule son texte. Voilà une jeune fille qui respire la détermination, même si elle est intimidée, entourée de Christophe Ferrari, président de Grenoble Alpes Métropole, et Corine Lemariey, conseillère déléguée à l'égalité des femmes et des hommes. C'est eux qui ont souhaité mettre un coup de projecteur sur le travail de la lycéenne, lauréate du prix Jeunes pour l'égalité filles garçons en 2020. « On nous demande d'être concrets dans l'action métropolitaine, ce livre est un exemple de ce travail quotidien », se félicite Christophe Ferrari, qui fait part de son inquiétude quant au recul des droits des femmes, mentionnant bien sûr la question de l'IVG aux États-Unis (rendons à César ce qui est à César : l'invitation pour ce rendez-vous avait été lancée avant l'abrogation de l'arrêt Roe vs Wade par la Cour suprême américaine). Et de se positionner pour l'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution française.
Candice De Léo, « très fière » et « très heureuse » d'être là, raconte. « J'ai grandi dans une famille plutôt sexiste, je m'en suis rendue compte notamment lors de mes premières règles, c'était un sujet tabou. » Dans son essai, elle détaille effectivement les situations de son intimité familiale qui lui ont fait prendre conscience de l'imprégnation du sexisme dans son quotidien – une famille qui ressemble à des millions d'autres, d'ailleurs. Son livre a-t-il jeté un pavé dans la mare ? « Ma famille a aimé, ça les a fait réfléchir, et ça a eu un effet libérateur. » Mais là n'est pas la question, comme l'indique la conclusion de son texte : « Je veux à mon échelle contribuer à faire évoluer les mentalités. À seize ans, voici mes opinions, mes ambitions, mon vécu. Je serais tellement fière si je réussissais à contribuer à mon échelle à faire avancer notre société dans la voie de l'égalité. Moi, je n'écris pas pour les fermés d'esprit qui ne veulent rien entendre. Je n'écris pas non plus pour mes proches. J'écris pour toutes les personnes qui ont envie de faire bouger les choses. » Le féminisme a de l'avenir (et du boulot).
Et si les princes portaient des robes ? Candice De Léo, mercredi 6 juillet de 14h à 17h à la librairie Gibert-Joseph