Cette année, Vues d'en face, le Festival international du film gay et lesbien de Grenoble, fête ses noces de soi. Et si d'aucuns venaient à décider qu'il n'en a pas le droit, on le lui donne, trop heureux de sa vocation salutaire à montrer et célébrer la frange dite « gay » du cinéma de tous les pays. Une réunion qui nous enjoue tous les ans, vraiment.Laetitia Giry
Cela fait donc douze ans que l'aventure se perpétue au rythme des nouvelles créations cinématographiques centrées sur les questions de l'homosexualité et des genres, choisies par une équipe toujours plus pointue. Douze ans que, chaque année, la sélection de Vues d'en face étonne, très variable en termes de qualité, mais toujours très aimable pour sa volonté, sa tolérance et sa propension à créer l'émulation autour d'une question plus que jamais brûlante : non pas l'acceptation de la différence, mais la compréhension que la « différence » évoquée est factice et doit laisser place à la conscience d'une égalité pleine et entière. Si l'actualité du débat sur le "mariage pour tous" est indépendante du déroulement du festival, elle prouve à quel point cette fonction de vitrine est essentielle, partie prenante d'une lutte historique plus large.
En transe
Parmi la trentaine de films sélectionnés, on a pu voir le fameux film prétexte à montrer deux éphèbes se faisant des œillades, dont l'amour est rendu impossible (et donc poignant) pour cause de frontière ou de religion (ou les deux). C'est Alata qui joue (assez bien) cette année ce rôle plutôt conventionnel, sur fond de tension israélo-palestinienne...
Mais la sélection nous a offert également deux surprises de taille : deux films dont les personnages principaux sont des transsexuels. Que ce soit Mia (photo) ou Facing mirrors, on s'incline en effet devant la justesse du propos, la fluidité héroïque de la mise en scène et la distillation d'émotions sans sensationnalisme bourrin ou trop commun. En Argentine pour le premier film cité et en Iran pour le second, les histoires sont simples et efficaces, elles éclosent au sein d'un scénario pudique et sobre. Loin des clichés sur les gays et les trans en boîte de nuit, on a ici affaire à des êtres humains persistant très modestement dans leur combat intime pour être. Des histoires qui sont le terreau de véritables gestes de cinéma et qui, nous devons bien l'admettre, touchent au cœur... N'est-ce pas là le principal ?
Vues d'en face, du 12 au 21 avril au Club (et un peu en hors les murs)
Mia, dimanche 14 avril à 14h
Facing Mirrors, mardi 16 à 20h
Alata, vendredi 19 avril à 20h
À lire aussi, une interview du réalisateur Thomas Riera qui présentera samedi 13 avril son film Pêche mon petit poney