La Comédie propose une programmation fortement orientée sur les grands débats autour de la finance. En témoigne deux spectacles, "Roman d'un trader" et "Le système de Ponzi" ainsi qu'une table ronde "économie" le 20 mars. Grégory BONNEFONT
Que reste-t-il ? Que reste-t-il au tout venant, à la petite gens, au bourgeois qui n'en est plus un, face à cette crise qui elle aussi n'en est plus une ? Résister ? Descendre dans la rue ? La prise d'otage ? Retirer tout son argent des banques? Le théâtre apporte un début de réponse à ces questions. La célébration du mythe pour analyser une société postmoderniste reproduisant ses structures par et pour l'argent. Avec Le roman d'un trader, le texte de Jean-Louis Bauer (Une vie de château) plonge dans les méandres du mythe de l'argent, un clin d'œil singulier sur l'affaire Kerviel qui avait su défrayée la chronique en 2008. A la mise en scène, ce sera l'occasion de saluer l'ancien directeur de la Comédie. Daniel Benoin réunit sur scène une distribution (avec notamment Lorànt Deutsch) où le trader, son supérieur hiérarchique, le directeur de la banque et le gouverneur de la Banque de France sont les acteurs de cette symphonie virtuelle des chiffres, de ce monde où les zéros se succèdent tels des chômeurs s'inscrivant au Pôle emploi. Un de plus ou un de moins, on ne fait plus trop la différence. De ce "cynisme rapide", comme dirait Lavilliers s'extirpe le personnage de l'épouse du directeur de banque. "C'est pour elle qu'il est sans limites, pour elle qui est à la fois sa femme et sa maîtresse, la mère de son enfant, et qui aime tant l'art contemporain, une ascèse qui lui permet de s'échapper et de s'élever au-dessus du réel", nous rappelle Jean-Louis Bauer.
Le système de Ponzi ou la genèse de la folie financière
Ponzi fut ce truand américain qui au début du siècle dernier mis en place un système basé sur la «croyance que l'on va réaliser des profits inédits». Les clients accourant en grand nombre, formèrent une chaîne où les uns permettaient de rembourser les autres, mais surtout d'enrichir grandement le responsable de la chaîne. Si le pénal a vite fait de rattraper Ponzi, il inspira cette fois-ci un notable de la haute finance en la personne de Bernard Madoff, condamné aussi en 2008 à 150 ans de prison portant sur 65 milliards de dollars. Comment théâtraliser et rendre accessible un tel mécanisme ? David Lescot situe son œuvre entre la pièce musicale et l'opéra parlé. Il clame la mission à laquelle doit se confronter le théâtre de toujours avoir conscience de son Histoire. Une histoire des éternelles répétitions, de la réouverture de boîtes aux pans dorés où les années folles ont droit à leur revival. Comme pour mieux souligner une folie chronique et contemporaine. Certains trouveront alors des éléments de compréhension aux méandres financiers. Si cela ne suffisait pas, le public curieux est invité à participer à une table ronde sur l'économie le 20 mars à 19 h à l'Usine. Pour les autres, il y aura toujours de quoi trouver l'inspiration pour monter ses propres arnaques.