La saison culturelle de l'Horme programme "Face de cuillère". Un spectacle empli de poésie et de subtilité. L'occasion de s'arrêter un instant sur la compagnie "La mandarine blanche". Grégory Bonnefont
Elle est là, jonglant avec les mots, incarnant un personnage prénommé Face de cuillère, comme la forme que prend un visage quand il se reflète au dos d'une cuillère, souvenir impérissable d'une naissance complexe. Si Laetitia Poulalion n'est plus une révélation, elle ne cesse de révéler l'étendue de son talent, tant dans la maîtrise du texte signé Lee Hall, le scénariste de Billy Elliot, que dans sa capacité à maintenir son jeu à la frontière du mélodrame mais sans se risquer à s'y engouffrer. Pourtant Face de cuillère revêt les attributs du personnage campant une enfant autiste atteinte d'un cancer incurable, et pour qui la solitude semble être la plus fidèle compagne. Elle nous livre son amour pour l'opéra, un rapport à la mort chanté par la Callas. On croirait tomber alors dans une sensibilité à outrance. Mais cela est sans compter sur la mise en scène d'Alain Batis et la fidèle traduction de Fabrice Melquiot. C'est donc bien l'humour et la tendresse qui prédominent au final dans ce spectacle. Créée en 2008, cette pièce nous parvient enfin, au détour d'une scène longeant le Gier. L'occasion de découvrir le travail esthétique porté sur le blanc et la lumière, mis en œuvre par La mandarine blanche affirmant sans cesse sa quête du poétique. Pour ceux qui seraient absents à ce rendez-vous, une séance de rattrapage sera possible un peu plus tard dans l'année, cette fois-ci dans le cadre de la programmation de la Talaudière.