Pour les inconditionnels du cytomégalovirus, pour les autres surtout

Pour les inconditionnels du cytomégalovirus, pour les autres surtout

La Compagnie Erodium présente au Verso «Mais tous les ciels sont beaux». Un hommage nourri et construit autour de l'œuvre de Hervé Guibert. L'occasion de célébrer un «plaidoyer pour l'imaginaire» dans le cadre de la journée contre l'homophobie, en partenariat avec ACTIS. Grégory BONNEFONT

Il y eut entre autres cette découverte en 2008 au travers de la lecture de Cytomégalovirus journal d'hospitalisation, l'intuition de poursuivre un cycle intitulé Sphère de l'intime. Et voilà Sarah Seignobosc embarquée dans la mise en scène de Tous les ciels sont beaux. Derrière le titre énigmatique et spirituel se cache ce bel hommage à Hervé Guibert. Il en ressort un spectacle qui est à la fois artistique et qui traduit aussi une démarche civique. L'écriture de Guibert, saluée maintes fois notamment pour Des aveugles, est souvent directe, telle une prise de notes. Beaucoup de choses sont passées sous silence ce qui a favorisé l'adaptation. « Il a fallu que le texte fonctionne au plateau avant de le théâtraliser » rappelle la metteuse en scène. Car au travers des problématiques abordées, le monde hospitalier et la condition des patients en fin de vie notamment, il y avait l'obligation de rendre compte sur scène du principe d'autofiction, si cher à Guibert. Il s'agit alors de ne pas raconter le personnage comme il est mais comme il se voit. Ainsi, celui qui voulait faire «une photographie au plus proche de la mort» ne fut en aucun cas imité.

« On a résisté à la tentation du biopic »

Vincent Dedienne (promotion V de l'Ecole de la Comédie) interprète avec rigueur et vigueur ce personnage. Pour incarner cette écriture, il ne fallait en aucun cas jouer la mort et faire en sorte que le texte ne reste pas dans la bouche et la tête. L'exigence fut donc de témoigner du corps en lutte et en souffrance, attiré par la mort tout en célébrant au final un hymne pour la vie. C'est-à-dire, au travers de l'écriture de Guibert, traduire ce  «plaidoyer pour l'imaginaire» que relaient  les jeux de transparence, le décor épuré dominé par l'image évasive de la fenêtre d'hôpital. Un matériau théâtral est né, prônant le dialogue des arts et provoquant le débat pour aussi permettre au spectateur de rêver. Une maladie oculaire comme point de départ, un écho social retentissant et un hommage complet de l'esthétique tant littéraire que photographique de Guibert : voici les ingrédients du travail d'une jeune compagnie portant les couleurs d'un avenir théâtral éclairé. Puisse le ciel les confirmer sur leur route.

Mais tous les ciels sont beaux
Au Théâtre le Verso les 10 et 11 mai à 20h30, débat le 11 mai

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Mercredi 5 juillet 2023 Alerte orange au Puy-en-Velay du 17 au 23 juillet : des rafales venant des 4 coins du monde sont à prévoir. Veillez à vous munir d’appuis bien solides, vous (...)
Lundi 5 décembre 2022 Le premier fils, Dimitri, impétueux, sanguin et violent, est le rival de son père, entiché de la même femme que lui. Le second, Ivan, cynique intellectuel athée (...)
Mardi 6 septembre 2022 Une femme aimante et disponible, un mari charmant et brillant : que pourrait-il arriver à ce couple en apparence parfait ? C’est l’intrigue qui rythme (...)
Mardi 26 avril 2022 Plus on progresse, plus on se fait du mal et plus on se tue, à petit feu. Avec Bienvenue dans l’espèce humaine, Benoît (...)
Mardi 26 avril 2022 Et si la vie, ce n’était pas choisir à tout prix, mais au contraire construire un tout ? Et si l’art, ce (...)
Mardi 26 avril 2022 On évolue tous avec le temps. On grandit, on comprend, on change. Qu’en est-il de notre débarras ? Lieu de la cachette par (...)
Mardi 26 avril 2022 Gerard Watkins revisite le chef-d’œuvre shakespearien à travers le prisme des sixties : pantalons pattes (...)
Mardi 26 avril 2022 Hugo, 23 ans, étudiant en sciences humaines, oscille entre ses origines algériennes et françaises. Lorsque sa mère le (...)
Mardi 29 mars 2022 Par Sibylle Brunel. Quand les petites bêtises entrainent les grosses, il est difficile de prouver que l’on peut encore répondre à la norme. A-t-on seulement (...)
Mardi 29 mars 2022 Notre civilisation s’effondre, tous les scientifiques le disent. Oui mais alors… Que faire ? Vaste sujet, pourvu que l’on (...)
Mardi 29 mars 2022 Et si la décolonisation n’avait été qu’une succession d’échecs dont on voit et paie encore les pots (...)
Lundi 28 mars 2022 Par Sibylle Brunel La Compagnie Momus Group revisite de nouveau ses classiques en donnant cette fois-ci un coup de jeune à Shakespeare. Le (...)

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X