Red Rubber Balls est la seconde pièce de la Compagnie Manuscrit. Yves Bombay s'attaque au passionnant duo de Roméo et Juliette découvrant la possibilité de l'amour après la mort. L'occasion pour le public stéphanois de découvrir l'écriture de l'auteur flamand Peter Verhelst.Grégory Bonnefont
L'amour perd son "u" dans la mort. Pourtant l'écho érotique de la lettre semble plus que jamais perdurer au-delà de l'existence dans la pièce de Peter Verhelst. Quoi de plus symbolique et d'attirant que de retrouver l'éternel couple shakespearien dans une rencontre amoureuse après la mort. Roméo et Juliette, incarnés sur scène par deux femmes, respectivement Clémentine Desgranges et Pauline Laidet, sont transcendés dans ce théâtre permettant à un chant des possibles de résonner. Le postulat poétique est précis, fantastique et ambitieux: la mort offrirait la seconde chance que les amoureux déchus ne purent connaître du temps de leur vivant. On pressent l'univers charnel qui peut s'offrir dès lors au public. On pourrait parler de miracle, de magie et pourtant c'est bien de corporalité parfaitement incarnée et de champ du réel dont il est question. Si le titre, certes énigmatique, apparaît comme "un code secret", il laisse place à l'imaginaire des deux comédiennes proposant un duo scénique sensuel et rendant grâce à la parole. Il y a eu cette recherche du plaisir dans le plaisir de la recherche favorisée par Yves Bombay.
"C'est très sérieux et en même temps débile"
Le metteur en scène réalise son envie de monter cette pièce de l'auteur flamand Peter Verhelst malheureusement méconnu en France. Pourtant la réception de ces textes est l'occasion de découvrir une écriture très charnelle et bouleversant les codes de la sensualité. Les sens deviennent intercheangeables pour laisser place à un style très concret favorisant directement l'imaginaire. Red Rubber Balls, qui est la seconde entreprise artistique du duo formé de Yves Bombay et Aude Guérit, fut monté qu'au travers de performances utilisant des dispositifs scéniques complexes. Dès lors le défi fut de redécouvrir une simplicité théâtrale délivrant l'essence même du théâtre: la parole mise en chair. Le choix des comédiennes garantit le résultat. Un espace clairement dessiné autour de deux miroirs, célébrant l'image de l'amant, s'ajoute à une inspiration puisée dans "L'érotisme" de Georges Bataille. Red Rubber Balls c'est la réconciliation de Eros et Thanatos, c'est la mort qui n'en est plus une, c'est la mort qui revêt son costume d'entremetteuse.
Red Rubber Balls, Compagnie Manuscrit, du 20 au 23 novembre à 20h30, théâtre du Verso