Critique du film Good Luck Algeria de Farid Bentoumi (Fr, 1h30) avec Sami Bouajila, Franck Gastambide, Chiara Mastroianni...
Aux origines, une belle histoire... qui donne naissance à un film joliment ourlé. Pas si fréquent sous nos latitudes, alors qu'Hollywood est coutumier de ces contes exaltant le dépassement de soi, forgés à partir d'un exploit individuel accompli dans un cadre absurde.
Comparable au mémorable Rasta Rocket (1994) et voisin de Eddie the Eagle (narrant le parcours du premier sauteur à ski olympique britannique, en avril sur les écrans), Good Luck Algeria s'inspire des rocambolesques péripéties du frère du réalisateur, un Rhônalpin désireux de concourir pour les JO et “promené” par les responsables de la fédération algérienne de ski, moins intéressés par l'athlète que par l'aubaine d'une subvention à détourner — des notables ici moqués avec causticité.
À partir de l'anecdote familiale, Farid Bentoumi tisse un scénario plus complexe, où le résultat devient annexe, le défi seul étant prétexte à une redécouverte par le héros, Sam, de ses origines doubles ainsi qu'à une mise à plat des rapports entre lui, son père et ses oncles restés au bled. Si pour la course Sam affiche son attachement au drapeau paternel (ses racines retrouvées), il ne renonce pas pour autant à son pays maternel, où il a bâti sa vie : son engagement lui fait même prendre conscience de sa richesse, sa fierté d'être un trait d'union vivant entre deux cultures, deux nations. Que risquent, alors, les adversaires de la binationalité à voir ce film ? De réviser leur position. VR