De Stéphane Demoustier (Fr., 1h36) avec Melissa Guers, Chiara Mastroianni, Roschdy Zem...
Sur une plage estivale, la police interpelle Lise, 16 ans. Deux ans plus tard, la cheville ceinte d'un bracelet électronique, la jeune femme s'apprête à comparaître pour l'assassinat de sa meilleure amie. Le procès va révéler un visage insoupçonné de Lise. En particulier pour ses parents...
Deux plans d'une brillante maîtrise encadrent La Fille au bracelet : l'interpellation de Lise, vue à distance sans autre son que le bruit océanique des vacanciers alentours ; et puis Lise, une fois le jugement prononcé, accomplissant un geste si particulier qu'il ne permet pas de statuer sur son innocence ni sa culpabilité. Deux plans qu'on aurait pu voir chez Ozon ou Haneke, exposant sans imposer, donnant en somme la “règle du jeu“ au public : « voici les faits objectifs, à vous de vous prononcer en votre âme et conscience ».
Certes, si l'on en sait un peu plus que des jurés lambda en “s'invitant“ dans le foyer familial de la jeune fille un peu avant et pendant le procès, ce film de prétoire suit scrupuleusement la procédure, dans son crescendo dramatique ponctué de révélations, coups et rebondissements, sans jamais désopacifier l'affaire, bien au contraire. Il offre aussi des portraits pondérés de l'entourage, c'est-à-dire les parents confrontés à l'étonnant pouvoir de dissimulation de leurs ados ou à leur aveuglement, peinant à admettre que leurs “petits“ ont des désirs, besoins ou... pulsions d'adultes. Et puis, comme une sextape est le mobile du crime, il y a cette passionnante réflexion la puissance irréelle des réseaux dits sociaux et la déréalisation de ses propres actes — fût-on comme Lise issu d'un milieu favorisé. Stéphane Demoustier a visé juste par son propos, mais aussi dans son choix d'interprètes : outre Zem et Mastroianni, qui défendant des partitions peu évidentes, l'impénétrable Melissa Guers effectue ici des débuts remarqués.