de Sylvain Desclous (Fr, 1h29) avec Gilbert Melki, Pio Marmai, Pascal Elsoplus...
Grandeur et servitudes des cuisinistes... Vendeur rend hommage à un métier qui, lorsqu'il est bien exercé, emprunte son spectaculaire au jeu d'acteur et son habileté à l'art de l'escroc, tout en cumulant pour l'officiant le stress engendré par ces deux activités. Davantage qu'aux façades brillantes ou aux réussites de la profession, Sylvain Desclous s'intéresse à ses coulisses, à ses recoins sombres, et aux contrastes métaphoriques qu'ils révèlent.
Aux magasins où les commerciaux font l'article autour de modèles étincelants, il oppose ainsi les hôtels impersonnels et les cafétérias interchangeables des zones d'activité, où les vendeurs se posent entre deux “représentations”. Se consumant dans le négoce de la promesse, le héros Serge (sur)vit dans un présent permanent et contagieux, puisque son fils habite une maison inachevée et son père se contente d'un minimum pour subsister. Serge semble autant de passage dans son existence que les clients en transit dans les galeries marchandes, dans l'attente d'être harponnés.
Mais si Vendeur dévoile avec adresse le jeu cruel de la transaction, forme moderne de la chasse primitive, le film manque un peu de souffle sur la durée ; comme si Desclous n'avait pas encore intégré le fait qu'il a désormais basculé du court au long-métrage. D'une certaine manière, il le paye ici.