Dystopie / de Christian Petzold (All.-Fr., 1h41) avec Franz Rogowski, Paula Beer, Godehard Giese...
L'arrivée des forces d'occupation en France contraint l'Allemand Georg à gagner Marseille, où il compte rallier l'Amérique par la mer. Sur place, il récupère l'identité et le visa pour le Mexique de son compatriote Weidel dont il a trouvé le corps. Mais une femme, Marie, l'intrigue et le retient...
Étrange concept que celui de ce film qui replace dans le contexte actuel et des décors contemporains, une situation ancienne, à savoir datant d'il y a quatre-vingt-ans. Comme au théâtre, il s'agit pour le spectateur de souscrire un pacte et d'admettre une double réalité entre ce qu'il voit et ce qui est évoqué au-delà de l'image — Lars von Trier avait procédé de même dans Dogville, réduisant son dispositif à l'extrême.
Cette dualité a certes du sens : Georg ne se dissimule-t-il pas sous le “masque“ d'un autre individu ? De même, un état d'égarement se ressent à la vue de ce Marseille en état de siège, où les repères sont abolis, chacun devenant pareil à un étranger.
Hélas, Transit reste prisonnier de ce ping-pong référentiel et théorique, qui pousse nécessairement à chercher des comparaisons entre les deux époques. La figure évanescente de l'épouse de Weidel, insaisissable chasseuse de chimère, n'apporte pas assez de poésie pour contrebalancer l'insistance d'une résonance par trop énigmatique.