Portrait / Auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste, Tom Bird (aka Kévin Fauchet) esquisse la beauté mélancolique et réconfortante des jours ordinaires. Après deux EP, l'artiste livre un premier album délicat, Le Portrait, offrant dix nouvelles chansons entre folksongs inspirées et ballades éthérées. Rencontre.
Quatre ans après la naissance du petit Kévin Fauchet à Antibes, la famille s'installe près de Saint-Étienne, dans la plaine du Forez. Sa grand-mère lui offre un mini-piano à piles et lui transmet quelques bases de solfège. On inscrit le jeune garçon dans une école de musique, mais sa trop grande émotivité l'en fera partir très vite.
À la maison, on écoute beaucoup de variété française, Francis Cabrel, Renaud, Hugues Aufray ou Céline Dion. Tonton est amateur de Pink Floyd et marraine de Janis Joplin. « J'ai eu un vrai déclic lorsqu'à l'école un enseignant m'a fait découvrir Bob Dylan. Un peu plus tard, j'ai commencé à repiquer Damien Saez et Mano Solo, délaissant peu à peu le piano pour la guitare. »
Encore très timide, le jeune homme commence à composer et comprend que la scène sera son remède. Après quelques essais en solo puis dans un groupe de rock, Ellipse, le premier projet très sérieux de Kévin prend la forme en 2011 d'un duo avec Paloma Huon. Jusqu'en 2016, Ladybug and The Wolf fera vivre au binôme une première vraie aventure professionnelle.
« Tout est allé très vite, c'était fou. On a vécu beaucoup de belles choses. » En 2013, le tandem qui s'exprime en anglais remporte le tremplin Open Jazz lors du festival Bô Mélange, puis donne des concerts ambulants dans les TGV entre Lyon et Paris. En 2014, Ladybug and The Wolf apparait dans l'émission Monte le son sur France 4, dans un documentaire consacré à la nouvelle scène française.
« Nous avons enregistré deux EP et un album, donné plus d'une centaine de concerts et assuré les premières parties de JAIN, Alela Diane, Valerie June, Thomas Fersen, Irma... Le groupe a pris fin peu de temps après l'album, Paloma souhaitait aller vers des choses plus électro alors que je me tournais davantage vers la chanson folk. »
Balles neuves
Nouveau projet, nouveau nom : Tom Bird. Kévin est accompagné par son pianiste et complice de toujours, Alex Roman. « En plus de la guitare et de l'harmonica, j'utilise un looper afin d'ajouter des strates musicales additionnelles. Nous sommes sur scène comme dans notre salon, avec notre panoplie d'instruments. » En quelques années, la nouvelle formation s'est bâti un univers singulier, carré de nature urbaine dans lequel Kévin s'épanouit tel un orfèvre des notes et artisan des mots, cette fois-ci en français.
On peut déceler ici ou là quelques accointances. Une pincée de Renan Luce dans les couplets et de Ben Mazué dans les envolées vocales, un zeste de Mathieu Boogaerts dans le minimalisme de certains titres, et la nonchalance flegmatique d'Alain Souchon.
Comme à l'époque de Ladybug and the Wolf, Tom Bird poursuit sa route en marge de l'industrie lourde musicale et des emballements médiatiques. Avec une trentaine de dates par an en moyenne, Kévin assure son statut d'intermittent du spectacle.
« Je complète mon agenda en accompagnant régulièrement la chanteuse Leïla Huissoud. Je fais aussi de la figuration pour le cinéma ou la télévision. » Loin de se lever le matin dans le but ultime de faire exploser les compteurs de streaming, le songwriter avoue avoir trouvé un équilibre, sans doute un confort, dans le circuit des salles à taille humaine. « Bien sûr, le succès est flatteur. On en souhaiterait toujours davantage. Honnêtement je préfère avoir plus de dates, quitte à jouer dans des salles de taille modeste, afin de pouvoir organiser des mini tournées plus efficaces en terme de rentabilité et de fatigue. Cela dit, on a récemment fait la première partie de Sofiane Pamart devant 900 personnes et je me suis senti tout aussi à l'aise ! »
Tom Bird se produit un peu partout en France, en Suisse et en Allemagne, jusqu'au Canada : en novembre dernier, le groupe était invité sur la scène du somptueux Théâtre du Capitol de Dieppe, à l'occasion de la FrancoFête en Acadie. Le binôme ne compte plus les ouvertures de rideau pour Tété, Pauline Croze, Gauvain Sers, Loïc Lantoine, Yves Jamait, Barcella...
Release party
Faisant suite aux deux EP parus en 2016 et 2018, le premier disque de Tom Bird, Le Portrait, sortira le 12 mai en CD, en vinyle et bien sûr, sur les internets. Lorsqu'il en dévoile la pochette, Kévin semble aussi heureux qu'ému. « Le visuel reflète exactement ce que j'avais en tête. La photo a été prise par La Paire de Cerises, un couple de photographes-vidéastes qui réalise une grande partie des photos que je publie. L'identité visuelle a été entièrement réalisée par Mathilde Dugué, graphiste et directrice artistique. » Enregistré à Villeurbanne dans le studio Mikrokosm avec Nicolas Tarik aux manettes, l'album a été financé en partie par une campagne de financement participatif, via la plateforme à la chouette.
Dans ses textes, Tom Bird fait le récit sensible d'un quotidien animé de poésie, avec de-ci de-là un trait d'humour. L'arrivée du nouvel album est célébrée en public lors d'une tournée qui a commencé à Genève le 4 mai et qui s'étire (pour l'instant) jusqu'à début août. La toute première release party aura lieu à Paris le 12 mai, en co-plateau avec Lucas Lombard à la Manufacture Chanson. Tom Bird sera au Château du Rozier, à Feurs, le 26 mai. « Pour le concert lyonnais du 9 juin salle Barbara, nous invitons la chanteuse Ronnie et nous préparons de belles surprises. »
S'il s'est récemment installé dans la capitale des Gaules, Kévin Fauchet assure rester stéphanois de cœur, et aussi fidèle au label indépendant Le Cri du Charbon qui, installé sur les Hauts de Terrenoire, produit Bottle Next, Tachka, Louis Mezzasoma ou encore Caïman. « Je suis aussi accompagné par l'agence Baam Productions qui s'occupera dorénavant du booking, notamment pour la tournée du nouvel album. »
Écouter les chansons de Tom Bird, c'est ralentir la cadence, faire de chaque jour un dimanche, traverser un champ d'herbes hautes, s'assoir sur un banc face à la mer et regarder les mouettes tant qu'il y en a, puis rentrer avant la fraîcheur, enfiler un pull moelleux, se faire un thé, hésiter entre un disque de Leonard Cohen, Angus & Julia Stone ou Agnes Obel, allumer quelques bougies et parcourir à nouveau Roll, le livre du photographe Théo Gosselin. En racontant ses pérégrinations intérieures sur des sonorités folk, Tom Bird nous invite à apprécier la poésie du quotidien.
Repères
1986 naissance à Antibes
2011 création du duo Ladybug and the Wolf
> To Raise A Miniature Garden (EP)
> Familiar Games (EP)
> Mammatus (album)
2013 lauréat du tremplin Open Jazz - Bô Mélange
2016 création du projet Tom Bird
> Le cri du silence (EP)
> À distance égale (EP)
2019 prix du jury au tremplin Les Poly'sons de Montbrison
2020 lauréat de Le Mans Cité Chanson
2021 lauréat de du festival Pause Guitare d'Albi
2023 Le portrait (album)