Théâtre / Le "Dom Juan" mis en scène par Jean-François Sivadier, à la MC2 jusqu'au 28 janvier, est une immense réussite accessible à tous. Voilà qui est dit (et écrit).
Pour moderniser un texte classique en langue étrangère, comme un Shakespeare par exemple, il suffit de commander une nouvelle traduction plus rock'n'roll et hop, le tour est joué. Avec les classiques français, sauf à les réécrire totalement (certains le font très bien), les options des metteurs en scène sont plus restreintes. Tout doit donc être dans la forme et dans les à-côtés. C'est ce qu'a magnifiquement compris Jean-François Sivadier depuis 20 ans, et qu'il démontre une nouvelle fois avec un Dom Juan de Molière captivant.
Pendant 2h30 sans presque aucun temps mort, on suit avec délectation les aventures du mythique « épouseur » (comme le qualifie son valet Sganarelle) campé par Nicolas Bouchaud. Le comédien complice de Sivadier, à l'aura magnétique, fait de son personnage un égoïste manipulateur doté d'une confiance en soi inébranlable : le monde autour de lui peut le mettre en garde voire sévèrement tanguer (grandiose scénographie), lui reste concentré sur son plaisir amoral (la question de la religion est centrale dans la pièce). Une ligne de conduite résumée entre deux tableaux par un karaoké sur le lubrique Sexual Healing de Marvin Gaye.
Avec ce texte phare du répertoire français, Sivadier livre ainsi une pièce dans la tradition d'un théâtre populaire, généreux et ouvert à tous. On en redemande.
Dom Juan
À la MC2 jusqu'au samedi 28 janvier