Jacques Osinski is back ! Après Le Conte d'hiver, présenté en octobre dernier (mais créé avant son arrivée à Grenoble), le tout nouveau directeur du CDNA s'attaque à Büchner, et pas à la pièce la plus simple de son auteur : Woyzeck. Écrit par le dramaturge allemand juste avant sa mort à 23 ans, Woyzeck est un monument de la littérature germanique, considéré comme difficile à monter, la pièce étant en partie inachevée. Les fragments pouvant se lire de plusieurs façons, chaque metteur en scène livre donc son approche personnelle de cette histoire d'amour, de jalousie et de folie qui conduira un homme au meurtre de sa compagne adultère.
Comme avec Le Conte d'hiver, Osinski s'en tient au texte et ne tombe pas dans le flamboyant ou la relecture contemporaine. Il fait de ce drame romantique fiévreux un récit intemporel. Woyzeck est prisonnier de son univers mental, soit, le décor matérialisera cet aspect par un cube gris et neutre, pouvant laisser penser à une place ou un coin de rue. Woyzeck est paumé, soit, Vincent Berger, le comédien principal, laissera retranscrire cet aspect par un jeu extrêmement dépouillé, tranchant avec l'activisme des autres personnages censés incarner le monde. Car Woyzeck est un pauvre homme, utilisé par ceux « qui dominent le langage » explique Osinski, ce qu'il a souhaité mettre en avant, au risque d'être un peu trop statique à notre goût. Finalement, avec cette pièce de Büchner, il initie sa trilogie allemande, qui se poursuivra la saison prochaine avec une pièce d'Horvath et une de Borchert. Et imprime au fil des mises en scène sa patte et son univers théâtral. AM
WOYZECK
Jusqu'au samedi 14 mars, à la MC2