article publi-rédactionnels
Déménageur breton
Par Christophe Chabert
Publié Mercredi 31 janvier 2007
Photo : DR
Musique / Perpétuellement sur les routes à trimballer ses soucis, Miossec repaie sa tournée avec deux dates lyonnaises. L'occasion de constater que si sur L'Etreinte, son dernier album, la bête bretonne n'a plus son mordant d'antan, elle bouge encore. Stéphane Duchêne
La pochette de L'Etreinte, portrait de Miossec façon Dorian Gray chez Bernard Buffet, a le mérite de rendre grâce à la musique sans nuance du Breton : elle dessine par taches successives un artiste éparpillé aux quatre coins de lui-même, qui au fil de ses disques tente de recoller ses propres morceaux en comptant ses abattis. Avec ces questions : qu'adviendra-t-il quand il y sera parvenu ? N'y est-il pas déjà parvenu ?
Depuis 12 ans, on prend plaisir à voir souffrir Christophe Miossec, regarder la France d'un œil torve, se faire toujours larguer. Miossec, pionnier de cette nouvelle chanson française qu'il a taillée dans le granit, noyée dans l'alcool et baisée par tous les trous en un mélange de crudité et de cuites affaissées : rimes qui tentent d'entrer par effraction dans des mélodies hussardes, voix vociférant un spoken word brestois sur des rythmiques de gueules de bois. Celles dont on fait la houle qui échoue les épaves. Ça ne lui avait d'ailleurs pas fait de mal à la chanson française de se gerber sur des pompes trop habituées au cirage.
De cela on doit être reconnaissant à Miossec. Et aussi lui en vouloir d'avoir décomplexé trop de troubadours du papier pain qui se décolle, de bardes saoulés d'états d'âmes Panaché (tout le monde ne tient pas aussi bien l'alcool).
Poignées d'amour
Douze ans plus tard, Miossec poursuit une route dont on ne sait si elle est rectiligne ou franchement tordue (des chansons pour Johnny au copinage avec Cali). Se noie moins dans l'alcool qu'il ne rentre dans le rang. Sur Brûle et 1964, ses deux précédentes saillies, Miossec le fiévreux n'était plus que tiède, ses bouées de sauvetage efflanquées laissant place à de confortables poignées d'amour. Même A Prendre, œuvre tant décriée, y compris par l'intéressé, avait au moins eu le mérite d'aller au bout d'une dérive que ces deux albums-là semblaient vouloir refouler pour se racheter une conduite.
S'il gagne en musicalité, grâce à quelques collaborations bien senties (le pianiste Gérard Jouannest, décidément très à la mode ces temps-ci) et des arrangements luxueux, L'Etreinte n'est pas non plus son meilleur album (pour cela, se contenter de Boire et Baiser). Il a même furieusement tendance à ronronner son mal être comme un vieux matou grinçant par habitude. Avec toujours un peu ces impressions de déjà-vu qu'on ne doit qu'à Miossec sans que ça nous dérange vraiment, surtout quand il est encore capable de pondre des titres comme 30 ans, Mes crimes : le châtiment ou La Grande Marée, sur lesquels il retrouve son art de l'autocritique stalinienne, du bilan globalement négatif. Sur 30 ans, l'âge auquel il asséna son premier coup de tête au paysage musical, Miossec, qui en a 42, chante : «N'attends plus que l'on vienne t'attendrir, redeviens touchant comme quand tu voulais tout détruire». Vœu pieu ? Nostalgie ? Crise de la quarantaine ? Peut-être. De toute façon chez Miossec, détruire c'est mûrir un peu. Et inversement.
Au Transbordeur, le 25 janvier (Nouvelle Scène Europe 2 avec Cali et Polar) Au Transbordeur, le 20 mars
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...
Jeudi 4 juillet 2024 Un spectacle de cirque et deux concerts, c’est la formule gagnante. D’abord un spectacle à 16h30 : Je voudrai mourir un soir d'été. À l'heure où les (...)
Jeudi 4 juillet 2024 Il fut un temps où la musique électronique changea de tempo, passant à une allure intense, accélérée, pressée, comme si elle avait besoin de se débarrasser de ce (...)
Vendredi 12 avril 2024 Le musicien Marc Loopuyt propose 24 concerts-dialogues entre son târ arménien et le chant des oiseaux dans les espaces verts de la métropole. Une expérience magnétique.
Vendredi 12 avril 2024 Quand, sur le fond d’un paysage sculpté par les guitares de Neil Young et Tim Buckley, le lo-fi de Velvet Underground rencontre la dream pop de Cocteau (...)
Jeudi 11 avril 2024 Le guitariste multiprimé Thibault Cauvin et Matthieu Chedid (alias -M-) s’associent pour un voyage instrumental, intimiste et inédit à l'Auditorium de Lyon le 12 octobre prochain.
Mardi 19 septembre 2023 La saison à peine entamée – et entamée en pleine bourre le concernant – le Ninkasi ferme ses portes dès le 5 novembre, après une grosse fête de clôture. Suivront 20 mois de travaux pour un Ninkasi Gerland new look et une nouvelle salle à La Saulaie...
Lundi 5 septembre 2022 Le Ninkasi à 25 ans. Pour marquer le coup, une programmation gratuite aux proportions dantesques durant un mois : l'expérience Ninkasi au format XXL.
Mercredi 11 mai 2022 Le retour de Cunninlynguists en terres lyonnaises aura lieu ce dimanche 22 mai au Transbordeur : une date à cocher, car chaque passage du trio est une preuve supplémentaire que l'on peut durer dans le rap.
Lundi 25 avril 2022 Toujours curieux et singulier, le festival Superspectives accueille cette année quelques grands noms de la musique contemporaine et expérimentale : Gavin Bryars, Alvin Curran, Charlemagne Palestine…
Mardi 26 avril 2022 Il est libre, Iggy Pop. Bon, y en a quand même pas qui disent qu'ils l'ont vu voler, mais continuer de se trémousser torse-poils devant (...)
Mardi 26 avril 2022 Après maints reports, le groupe culte écossais Teenage Fanclub monte enfin sur la scène de l'Épicerie Moderne. Avec dans les bottes trente ans d'indie rock aux contours changeants qui ne vieillissent jamais.
Mercredi 20 avril 2022 La prochaine saison 2022-2023 de l’Auditorium sera riche (151 représentations !), solide, placée sous le signe de Beethoven, et réserve quelques surprises… Comme la résurrection du duo mythique des années 1980-90, Dead Can Dance, ou un grand concert...
Mardi 26 avril 2022 Le MC originaire du Gabon contribue à faire remonter à la surface la vibe underground US et lui fait traverser la barrière des langues : ses textes ultra référencés et son flow singulier ont mis Benjamin...
Samedi 23 avril 2022 15 ans, ça se fête et pour Infiné qui a des attaches fortes à Lyon (Agoria était l'un des co-fondateurs, Yannick Matray l'actuel bras droit d'Alexandre (...)
Samedi 23 avril 2022 Infiné s'est installé durablement dans la famille des labels dont on suit aveuglément les choix au fil des sorties, sans se soucier du style — musiques électroniques, classique ou maloya — puisque l'on sait qu'une cohérence se construit sur la...
Mardi 12 avril 2022 Reperkusound est de retour au Double Mixte du vendredi 15 au dimanche 17 avril. Le festival investit la scène villeurbannaise pour une édition qui expérimente et se réinvente.
Mardi 29 mars 2022 Alors qu'il remonte sur scène pour présenter son dernier objet d'artisanat, La Vraie vie de Buck John, Jean-Louis Murat est l'objet d'une belle rétrospective menée par l'agence musicale lyonnaise Stardust et une vingtaine d'artistes aurhalpins.
Mardi 29 mars 2022 Un peu plus de deux ans après la tournée de Reward, la Galloise Cate le Bon est de retour sur une scène lyonnaise. Avec Pompeii, un album tout en minimalisme pop, composé et enregistré durant le grand confinement, et qui plonge dans la torpeur tout...
Mardi 29 mars 2022 Expérimentales, improvisées, bruitistes, radicales, minimales, performatives, intransigeantes, poétiques, le Sonic Protest est un peu le festival des (...)
Lundi 14 mars 2022 Le communiqué est laconique, une simple affiche titrée "Sixty". "Sixty" comme 60 ans, 60 balais, 60 berges. C'est l'âge des Rolling Stones. Pas de Mick (...)
Mardi 15 mars 2022 Dans le cadre d’un week-end consacré aux liens entre musique, espaces et architectures, la Biennale des Musiques Exploratoires propose un concert dédié à Gérard Grisey. Un compositeur ayant mené des recherches particulièrement savantes sur le son,...
Mardi 15 mars 2022 Il est un certain nombre d'amateurs de rock indé dont Other Lives aura accompagné le confinement du printemps 2020, à la sortie du foisonnant For Their (...)
Mardi 15 mars 2022 En tamasheq, Imarhan signifie "ceux qui vous veulent du bien". C'est un fait que la première fois qu'on a entendu le groupe, qu'on l'a vu sur scène (...)
Mardi 15 mars 2022 Acteur puis metteur en scène de théâtre et d’œuvres opératiques, Richard Brunel a pris ses fonctions à la tête de l’Opéra de Lyon en septembre dernier. Avant que ne débute le festival Secret de famille et qu’il ne présente la prochaine saison, il...
Mardi 8 mars 2022 La voilà enfin, la nouvelle prog' des Nuits de Fourvière pour l'été. On vous dévoile ici ses (très) grandes lignes musicales.
Mardi 8 mars 2022 Il nous avait enchantés aux Subs en mars 2017 – quasiment dans une autre vie – lors d'un Petit Bulletin Live mémorable, revoilà Chris Thile de retour pour (...)
Mardi 1 mars 2022 Événement du côté du Ninkasi avec la venue du commandant en chef de feu Sonic Youth, qui depuis la séparation du groupe phare de l'indie rock américain multiplie les saillies solo comme pour mieux combler et dérouter ses fans éplorés.
Mardi 1 mars 2022 Comme la plupart des festivals, Les Chants de Mars ont connu une édition annulée (2020) et une en ligne (2021), forcément en demie teinte. (...)
Mardi 1 mars 2022 Il est fascinant de constater à quel point les disques "islandais" (qu'ils soient le fait d'artistes locaux ou d'étrangers en goguette) sont marqués (...)
Mardi 1 mars 2022 2021 aura été l'année de l'avènement pour Tedax Max. Douze mois pour sortir trois albums et se hisser au premier plan de la scène rap locale. Avant son passage du côté de Vénissieux à Bizarre!, le vendredi 18 mars, on a échangé...