de Marco Tullio Giordana (It., 1h35) avec Vanessa Scalera, Linda Caridi, Alessio Praticò... (sortie le 13 juillet)
Avec sa voix râpeuse et son caractère indocile, Lea avait tout pour régner dans la “Famille”. Sauf qu'elle a voulu échapper à ce déterminisme calabrais, qui l'aurait réduite à une vie criminelle et aurait condamné sa fille au même destin. Son courage obstiné lui valut une existence de fuite et une fin tragique, racontées sans pincettes par Marco Tullio Giordana et portées par l'énergique Vanessa Scalera. Oubliez le biopic ensoleillé ou le polar virtuose : on est ici dans la chronique glaciale, les décors crasseux, la mesquinerie et la misère hurlante. Dans une Italie face B ; celle de Gomorra, si proche du documentaire.
Plus que la mafia, c'est le gouvernement italien qui se révèle effrayant. Car la première se conforme, inflexible, à ses “règles” internes — ceux qui transgressent leur devoir d'obéissance et de silence s'exposent en toute connaissance de cause à une impitoyable vendetta. Le second, en revanche, manque à ses élémentaires obligations en se montrant incapable de protéger décemment les témoins cherchant à fuir l'emprise de la pieuvre. Cette incurie coupable de l'administration, fléau latin caricatural prêtant presque à sourire s'il ne menait à des conséquences dramatiques, en dit long sur la fragilité de l'État transalpin et son manque... d'enthousiasme, disons, à lutter contre les corruptions, notamment lors de l'assassinat de Lea Garofalo en 2009, alors qu'un certain Silvio B. était Président du Conseil.