de Xavier Giannoli (Fr., 2h21) avec Vincent Lindon, Galatea Bellugi, Patrick d'Assumçao...
Encore blessé et traumatisé par la mort d'un confrère sur le terrain, un reporter de guerre accepte de sortir de sa prostration quand un évêque du Vatican lui demande de participer à une enquête canonique : une jeune fille prétend que la Vierge lui est apparue, mais rien n'est moins sûr...
Xavier Giannoli traite ici, comme dans nombre de ses réalisations précédentes — ses courts métrages y compris —, d'une fascination pour une forme d'aura inexplicable ; la grâce mystique prenant dans L'Apparition le relai de la notoriété (Superstar), du charisme (Quand j'étais chanteur) ou du (non-)talent artistique (Marguerite). À cette note fondamentale, il ajoute un autre thème récurrent et souvent complémentaire : la dissimulation et l'usurpation de qualité. Pour les figures centrales de ses films, l'inadéquation entre l'image que celles-ci renvoient et la vérité fabrique le récit, à travers un conflit moral ou la construction d'une “réalité alternative”— pour reprendre un terme à la mode. Et, chose étonnante, le mensonge de l'imposture passe aussi bien par la parole que par la réserve : il est une maladie se propageant auprès de victimes consentantes, en demande d'être dupées.
Habitué aux rôles intenses exigeant qu'il se dissolve complètement dans son personnage, Vincent Lindon est l'interprète idéal de cette quête/enquête : il semble comme possédé par une douloureuse faim inassouvie, dans l'attente d'une réponse indicible. En l'appelant ici, Giannoli procède comme l'évêque convoquant le journaliste : il a pressenti que ses interrogations intimes et surtout son absolue sincérité contribueront au succès de la mission. Toutefois, il aurait aussi dû prévoir que Lindon cannibaliserait le film : difficile d'exister face à un acteur d'une telle tension.