De Benoît Jacquot (Fr., 1h38) avec Vincent Lindon, Stacy Martin, Valeria Golino...
Au soir de sa vie, Casanova évoque à une confidente un épisode de sa vie aventureuse se déroulant à Londres, où il vivait alors en exil ; un souvenir douloureux lié à une femme dont il s'est épris, qui jamais n'a cédé à sa cour : la Charpillon, une courtisane au corps et à l'esprit bien faits...
Comment diable éprouver de l'empathie pour la personne de Casanova, l'aventurier qui épousa le XVIIIe siècle en triomphant des geôles, des duels et des revers de fortune ; l'infaillible séducteur que sa réputation en tout lieues précédait et qui, de surcroît taquina la muse pour composer en sus de ses mémoires, quelques ouvrages réputés ? En le dépeignant dépourvu de ses talents et mérites, chevalier à la triste figure confronté au doute, à l'échec et à la déchéance. En rendant, en fait, à ce héros hors normes sa qualité d'humain.
Le Casanova façonné par Benoît Jacquot pour Vincent Lindon (et réciproquement) apparaît ainsi comme une montagne de fragilité et de doute, au moment où la certitude de son prestige commence à s'effilocher, où de l'adret son charme verse dans l'ubac. Dans l'entre-deux des âges, entre deux pays, le Vénitien évolue dans un flou que la lumière des intérieurs et la flamme des bougie rendent davantage crépusculaires. Face au séducteur coutumier de toutes les ruses de l'amour, la jeune Charpillon se dévêt pour mieux mentir — preuve que vérité et nudité ne vont pas toujours de pair — et finit par emporter sinon le morceau, du moins le cœur de Casanova.
Drame frôlé et murmuré dans une élégance mélancolique, ce Dernier Amour sait préserver la pudeur mystérieuse de l'objet érotisé. Une grande passion triste.