Culture scientifique / Saint-Étienne possède une force en matière de sciences, tant dans la recherche que dans la transmission. Université, grandes écoles mais aussi lieux de diffusion ouverts à tous comme son Planétarium. De l'autre côté, du Cours Fauriel, la Rotonde de l'École des Mines travaille depuis 20 ans dans ce sens avec expos, ateliers, rencontres... Une aventure qui va également se poursuivre avec l'ouverture d'Explora en septembre prochain. Décryptage.
Si la « soucoupe » (surnom du bâtiment qui abrite La Rotonde) est un édifice circulaire, emblématique du Cours Fauriel, c'est aussi un lieu qui empêche les Stéphanois de tourner en rond depuis maintenant 20 ans. « Laboratoire d'idées et d'expérimentations », le CCSTI (cf. bas de page) La Rotonde de l'École des Mines de Saint-Étienne a accueilli depuis 1999 de nombreux curieux en culottes courtes ou possédant des cheveux un peu plus salés... Une belle aventure que cet établissement et son équipe de 10 personnes poursuivent vaillamment, avec une mission simple : permettre à toutes et tous de venir découvrir, expérimenter, s'émerveiller, donner du sens à tout ce qui nous entoure. Tout en s'appuyant sur des savoirs et travaux scientifiques reconnus et vérifiés. Ici, on éloigne les fake news et on combat les a priori. Une mission d'utilité et de salubrité publiques en quelque sorte.
Un grand bol de curiosité
Si La Rotonde accueille chaque année de plus en plus de monde (43 000 visiteurs en 2019), c'est surtout grâce à la qualité de sa programmation. Climat, archéologie, rire, supraconductivité, intelligence artificielle... autant de sujets très divers abordés à travers des expos, ateliers, rencontres et autres Village des sciences ou Nuits des chercheurs et des sciences. Les manières de les traiter s'avèrent très variées mais possédent toutes un point commun : leur côté ludique et ouvert. L'objectif mené par les équipes de La Rotonde est de créer un « grand bol de curiosité » comme l'explique son directeur, Guillaume Desbrosse. Un creuset destiné à éveiller la conscience publique et à questionner le monde, une tâche salvatrice face à toujours plus de doutes et de remises en question des valeurs scientifiques.
Explorer plus loin
Si La Rotonde remplit aisément sa mission de transmission et d'échanges avec ses visiteurs, elle va bientôt être rejointe par un nouveau projet qui verra le jour en septembre prochain, à côté du Puits Couriot. Le parc d'activités scientifiques ludiques Explora apportera un aspect maker et Learning Lab (apprendre par la pratique), en résonance avec les activités de La Rotonde. La destinée de cet espace dans lequel sont investis 2 millions d'euros, sera de donner à chaque visiteur la possibilité de tester, expérimenter et manipuler. Ce parc comprendra un espace de 400 m², baptisé ExploraLab, permettant aux scolaires et grand public de concevoir de petits projets scientifiques : faire décoller une mini-fusée, créer un robot, fabriquer de l'électricité, etc. Un bâtiment qui vient s'ajouter à la belle liste des structures culturelles scientifiques que compte notre territoire, confirmant la position dynamique de notre ville sur le terrain de la vulgarisation scientifique.
- Prochaine exposition à La Rotonde : Antarctique du 1er avril au 30 juin (tout public)
- L'exposition Fouille Farfouille (pour les 3 à 6 ans) est encore visible jusqu'au 9 mars
Guillaume Desbrosse, directeur de La Rotonde : « Développer la curiosité et l'esprit critique dans un monde de plus en plus complexe »
Directeur depuis 2015 du centre culturel scientifique, Guillaume Desbrosse nous détaille les objectifs poursuivis par sa structure, la position de cette dernière mais également son articulation avec le projet Explora qui ouvrira ses portes du côté de Couriot en septembre 2020.
Quels sont les objectifs menés par La Rotonde ?
Nous sommes un lieu culturel dont la thématique principale est : « les sciences ». On peut parler des sciences fondamentales, des sciences humaines et sociales... Nous allons explorer le monde qui nous entoure. Depuis 20 ans, nous nous engageons à diffuser les sciences au plus grand nombre. Nous avons une équipe de professionnels, dont des médiateurs scientifiques et des chargés de projets qui travaillent au quotidien pour vulgariser les sciences et les offrir sous plein de formes nombreuses : une expo, un spectacle de théâtre, une BD, un serious game sur une tablette numérique, une rencontre entre artistes et sciences... Toutes les formes de médiation sont bonnes selon nous. L'objectif reste de développer la curiosité et l'esprit critique dans un monde de plus en plus complexe.
Vous êtes rattachés à l'École des Mines de Saint-Étienne ?
Oui. L'École des Mines a fait un choix fort il y a 20 ans. Cette école travaille dans la recherche et dans la formation d'élèves ingénieurs avec des visées d'excellence. Mais elle est allée plus loin en ajoutant la mission d'interaction avec le public. Nous sommes le seul centre de culture scientifique en France qui est intégré à une école d'ingénieurs. Avoir décidé de porter l'interaction sciences et société constitue un choix que je trouve politiquement très courageux. C'est un point fondamental dans un monde où la science peut être perçue avec défiance. Nous avons également une antenne à Gardanne (Bouches-du-Rhône) avec deux personnes qui travaillent sur projet.
La Rotonde possède une reconnaissance nationale très forte en termes d'innovation et de créativité.
Est-ce que La Rotonde fait partie des CCSTI les plus importants de France ?
Tout dépend des critères d'importance. Si la taille est la variable choisie alors c'est la Cité des sciences à Paris qui constitue le vaisseau-amiral avec 1 000 employés. La Rotonde est une structure moyenne en termes de taille, par contre elle possède une reconnaissance nationale très forte en termes d'innovation et de créativité. La Rotonde fut le premier centre culturel scientifique à avoir proposé un événement entre sciences et théâtre. C'était le festival Scènes de méninges qui a duré six ans. Autre exemple, La Rotonde a participé avec la start-up stéphanoise Avant-Goût Studios à l'élaboration d'un album jeunesse numérique en réalité augmentée.
Vous allez participer au nouveau projet Explora, à côté du Puits Couriot. Qu'est-ce que ce nouveau projet et comment s'articulera-t-il avec La Rotonde ?
Explora est un projet créatif et novateur avec l'idée de proposer au public de « FAIRE des sciences. » Vous allez rentrer dans un espace d'ateliers, avec deux pôles où vous aurez des établis, du petit outillage, une ressourcerie avec beaucoup de matériels... L'idée est de se mettre dans une posture de créativité et de trouver des solutions. Le but est de tester, analyser, modifier et s'amuser sur de très nombreuses thématiques. Contrairement à la « Soucoupe » de La Rotonde, Explora n'aura pas un rythme d'expositions. Nous allons faire résonner les deux structures.
* C'est quoi un CCSTI ?
Un CCSTI ou Centre de culture scientifique, technique et industrielle est un lieu de vulgarisation scientifique, sous la forme d'une association Loi 1901. Depuis 1979 et l'ouverture du premier CCSTI de France à Grenoble, ces établissements permettent au plus grand nombre de se frotter à des questionnements sur le monde qui nous entoure et à profiter de savoirs scientifiques de manière accessible. Il existe actuellement 26 CCSTI en France.