Clubbing / Le festival Intérieur Queer fait son retour à Lyon et en son sein, l'on vous conseille ardemment de vous rendre à la soirée dédiée au label ougandais Nyege Nyege.
Parmi la foisonnante programmation de cette nouvelle édition du festival Intérieur Queer, se décèlent quelques perles : on ne s'étendra pas sur la Garçon Sauvage XXL qui affiche déjà complet au Transbordeur le 16 juillet — ça va transpirer, avec en particulier Marvin & Guy —, on guettera le Ball Voguing avec Vinii Revlon le 14 juillet à Heat, et surtout on se rendra au Sucre le vendredi 15 juillet pour la nuit consacrée au label Nyege Nyege.
Nyege Nyege ? Un festival, un label, des soirées itinérantes qui incarnent à merveille le boom actuel de l'afrofuturisme qui frappe autant la littérature (puissante Nnedi Okorafor, côté littérature), le cinéma (le blockbuster Black Panther de Ryan Coogler) que la musique. Car chez Nyege Nyege, l'on déniche les sons les plus inventifs, déviants, innovants et underground issus le plus souvent de la scène d'Afrique de l'Est.
C'est en Ouganda que l'histoire commence, portée par deux immigrés — le Gréco-Arménien Arlen Dilsizian et le Belge Derek Debru —, s'installant sur place en 2011. Là-bas, à Kampala la capitale, le nuit est effeverscente est les deux compères s'y intègrent vite, flashant sur la scène électronique locale. Le tandem dirige alors la Kampala Film School. Et lance là-bas chaque semaine des soirées de projections de films suivis de concerts. Se façonne alors un underground autour d'eux, qui se décantera lorsque des premières soirées officielles, Boutiq Electronic, sont organisées avec la DJ et poète somalienne Hibotep.
À 180 BPM
Les deux acolytent fondent Nyege Nyege Tapes en 2013, label qui se fait vite un nom partout où les oreilles sont fureteuses et curieuses — et où l'on n'a pas peur de rythmes nouveaux. De Bamba Pana à Otim Alpha en passant par Nihiloxica, nombreux sont les artistes à passer entre les quatre murs du studio d'enregistrement créé dans le même temps et à publier des morceaux qui rapidement incendient les dancefloors de Kampala d'abord, bientôt d'ailleurs.
Des rencontres, des connexions, un esprit aventureux poussant aux expérimentations mais aussi, bien sûr, une envie de fête : Nyege Nyege cristallise la création locale et lance vite en 2015, dans la foulée, son festival à Jinja — le tout premier du genre en Ouganda.. Qui braque les projecteurs sur le pays et ces artistes : les médias s'en font l'écho, les DJs étrangers de passage repartent avec du son local : elone, lgqom, bikuss, shangaan ou encore singeli, les musiques électroniques d'Afrique ne manquent pas de sous-genres, très éloignés de la house filtrée parisienne ou de la techno de Detroit...
Ainsi, l'une des dernières références du label (Sounds of Pamoja) est une compilation de singeli, épileptique création venue de Tanzanie, mêlant rythmes électroniques à 180 BPM et inspirations rap pour un son qui... décape. Un sous-label est ensuite créé : Hakuna Kulala. Les soirées s'exportent : plus de 200 par an partout dans le monde.
Dont, on le disait, cette semaine au Sucre lors du festival Intérieur Queer. Au programme ? Accrochez-vous, car avec Singali Movement — collectif où se percutent MCs, DJs et danseurs dont Jay Mitta, Anti Vairas, Kadilida et les Sisters of Twerkistan, la folie sera au rendez-vous. L'historique du label qu'est Hibotep sera aussi présente. La DJ new-yorkaise quest?onmarq est aussi à l'affiche avec ses mixes mêlant aussi bien singeli que techno et rap, comme le Néerlandais De Schuurman, qui lui est présenté comme étant le roi du bubbling, le son de la communauté africaine de La Haye.
Intérieur Queer
À Lyon du mercredi 13 au dimanche 17 juillet ; Club Nyege Nyege Au Sucre le vendredi 15 juillet