À voir
★★★☆☆ Apaches
Paris, à l'aube du XXe siècle. Revenue de l'enfer où Jésus, le chef d'une troupe de malfrats libertaires l'avait expédiée quand elle était enfant, une jeune femme intègre sa bande et entreprend une impitoyable vengeance contre tous ceux ayant contribué à son malheur. Malheur à Jésus et à ses apôtres !
Au moment de la réouverture des salles, son premier long métrage Le Dernier Voyage — une fable post-apocalyptique plutôt en adéquation avec l'atmosphère post-Covid — avait laissé entrevoir ce dont Romain Quirot était capable : triturer le genre avec virtuosité et un budget étriqué sans que cela ne lèse ses ambitions. S'il délaisse ici la science-fiction pour une plongée dans les bas-fonds feuilletonesques de Paris, il n'en demeure pas moins généreux en propositions audio-visuelles pour rendre la croisade de Billie (la Monte-Cristo en jupons incarnée par Alice Isaaz) aussi nerveuse que spectaculaire : à l'habillage rock et l'esthétique léchée de l'ensemble dynamisant - et dynamitant parfois — le récit, Quirot ajoute de jolis morceaux de bravoure dont un plan-séquence final d'une maîtrise cuaronienne. Mention particulière à la très efficace distribution, joliment composite, où Arthus continue de s'affirmer et Niels Schneider affiche un air narquois lui donnant plus que des faux-airs à la Philippe Léotard. De la belle ouvrage.
De Romain Quirot (Bel.-Fr., avec avert., 1h35) avec Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot...
★★★☆☆ Je verrai toujours vos visages
Un groupe de victimes de crimes et de délits participe sous l'égide de médiateurs à une série de rencontres avec des auteurs d'infractions. Ce dispositif, la “justice restaurative“ vise par la parole à permettre aux premières d'évacuer leurs traumatismes ; aux seconds de mesurer les conséquences de leurs actes et bien sûr, de prévenir la récidive. Portait collectif (mais aussi individuel) du processus...
Avec Pupille, Jeanne Herry avait déjà donné de la chair et de l'âme à une problématique sociétale (l'adoption des enfants nés sous X et confiés par l'aide sociale à l'enfance à des familles d'accueil) sans être piégée par la dimension “illustrative” du film-dossier ; elle approfondit ici son exploration de cette zone tampon entre la justice et le social, où le besoin d'une médiation humaine — certes très encadrée mais sans uniforme ni toque — permet aux individus en besoin de reconstruction d'opérer leur restauration intime, réconciliation ou réadaptation avec le monde. Son cinéma, une fois encore, va au-delà du mode d'emploi d'un métier ou d'un savoir-faire : davantage qu'un chapelet de “cas“, les personnages sont habités et se trouvent tous à égalité, qu'il s'agissent des victimes, auteurs de faits ou des encadrant dont on devine la vie “à-côté” au travers des small talks entre les groupes de parole. Sans faire de la justice restaurative une panacée, Je verrai toujours vos visages met l'accent sur un manque réel dans le parcours pénitentiaire et insiste sur toutes les prises de conscience naissant de (et par) la parole. À méditer.
De Jeanne Herry (Fr., 1h58) avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti...