Un texte contemporain barré sur les Hikikomori qui oblige à un véritable parti pris artistique ; un décor minuscule (un grenier) qui impose une vision des choses inventive ; et hop !, nous voilà réconciliés avec Jacques Osinski ! Car si l'on n'adhérait pas dans l'ensemble à ses mises en scène de grands textes théâtraux (dont sa trilogie sur l'errance, présentée en début de saison à la MC2), ici, on découvre un Osinski irrévérencieux et doté d'un humour grinçant. Certes, la pièce du Japonais Yôji Sakate, publiée en 2002, l'y aide beaucoup (une succession de scènes se passant dans un grenier), mais la proposition du directeur du CDNA a le mérite d'aller chercher le texte par là où il doit se prendre, sans se cacher derrière par peur de le trahir, quitte à le faire résonner quelques fois sous un autre angle (en utilisant par exemple une musique très synthétique ou en demandant aux comédiens d'interpréter une scène avec un accent japonais – pourquoi pas...).
On assiste alors à une série de tableaux très drôles et ironiques, qui en disent long sur une société japonaise (et par extension sur le monde occidental) dont certains de ses membres se coupent volontairement : pour se protéger ? pour fuir l'autre ? pour se ressourcer ? Yôji Sakate, dans son texte, ne tranche pas, se contentant de suivre en filigrane les errances d'un homme cherchant à tout prix le fabricant du grenier dans lequel son frère s'est donné la mort. Pour comprendre... Porté par des comédiens multi-rôles bien décidés à jouer avec les possibilités qu'offre le décor, ce Grenier se déguste comme une fable contemporaine corrosive à plusieurs clés de lecture. Seul bémol : l'ensemble aurait gagné en force si Osinski avait construit un spectacle moins long et un brin plus resserré. Aurélien Martinez
LE GRENIER
Jusqu'au samedi 13 février, à la MC2