« Du dessin ? En noir et blanc ? » Gommez vos préjugés ! Regroupant les œuvres d'une vingtaine d'artistes français et américains, "Pure Drawing", à découvrir au centre d'art Spacejunk, est de loin l'une des expos les plus vivifiantes du moment. Damien Grimbert
Longtemps considéré comme une sorte de "parent pauvre" de l'art, traité avec un mélange égal de compassion et de dédain, le dessin a, comme tant d'autres formes artistiques jugées mineures, tiré parti de ses contraintes techniques pour développer une créativité qu'on serait bien en peine de retrouver ailleurs. C'est du moins le constat qu'on est amenés à tirer au sortir de Pure Drawing, une exposition qui regroupe un vaste éventail de créations contemporaines d'une fraîcheur inégalée. Si la partie américaine, qui regroupe des artistes comme Dave Cooper, Chris Mars, Billy Norrby ou Nicola Verlato, fait surtout la démonstration des capacités techniques exceptionnelles d'artistes qu'on se réjouit déjà de retrouver dans des expositions ultérieures, la partie française, plus aventureuse, s'attache quant à elle à remettre en cause, non sans une certaine audace, un certain nombre de présupposés hâtifs.
« La recherche d'un langage pur »
« Un bon dessin, ce n'est pas forcément un dessin bien fait, c'est plutôt un dessin vrai, franc, qui raconte quelque chose » explique Morgan Navarro, commissaire d'exposition de la partie française de Pure Drawing. « Le but, ce n'est pas de bien dessiner, c'est de découvrir, d'explorer, de défricher... et dans cette optique, la technique peut vite devenir une barrière. La technique, c'est juste un outil. Est-ce qu'il faut vraiment maîtriser ses outils pour faire de l'art ? On n'en est plus là. Sinon, on serait tous des sous-Dennis Hopper... L'art pictural pur, je pense qu'on en a fait le tour. Ce qui réunit les artistes exposés, c'est avant tout des univers très personnels, et peut-être aussi un goût pour les codes, les références culturelles... ». Une vision commune, qui n'implique pas pour autant une similitude dans les parcours. « Si on doit parler de scène, alors c'est une scène composée d'une multitude de pôles : des artistes comme Jonathan Larabie, Singeon, Bapton ou Florence Dupré Latour viennent plus de la bande dessinée, Adrien Fregosi de la scène fanzine/micro-édition, les frères Boulard Le Fur ont un pied dans l'art contemporain, Amandine Urruty dans l'illustration, le graphisme, l'esthétique Low Brow... ». Une véritable constellation de talents à l'imagination débridée, l'énergie galvanisante, et l'irrévérence féroce, qu'on vous enjoint à découvrir sans plus attendre. « Tout ça en dessin ? En noir et blanc ? » Eh oui !
Pure Drawing, Grâce au Cerveau Droit
jusqu'au samedi 2 février à Spacejunk