Photo / Exposés à la galerie Alter-Art, les diptyques photographiques de Nicole Joye surprennent. L'un d'eux s'avère même particulièrement étonnant. Découverte.
Voilà une expo qui devrait ravir ceux qui envisagent davantage la photographie comme une construction formelle que comme une possible image fictionnelle ou documentaire. Prises pendant plusieurs années à des endroits très différents, les photographies couleur de Nicole Joye jouent des possibilités de rapprochements et de similitudes formelles entre les clichés. Exposées en diptyque, les images se répondent et se complètent. Les reflets sans aspérités d'un immeuble vitré font écho aux ondulations miroitantes d'une surface liquide, la subtile imperfection de l'horizontalité des marches successives d'un escalier dialogue avec celle des lames d'un store... Dans cet ensemble sympathique, un diptyque nous a paru toutefois plus palpitant. Le premier cliché présente, dans la devanture d'un magasin, de musculeux mannequins en plastique qui apparaissent comme les pâles imitations de reproductions de statues antiques elles-mêmes reproduites à partir d'originaux d'un musée dont on devine l'architecture en arrière-plan du second cliché. Un diptyque qui renvoie au propre de l'image photographique qui, elle-même reproductible, n'est qu'une reproduction possible du visible.
Au hasard des géométries sensibles (Nicole Joye)
À la galerie Alter-Art jusqu'au 1er mars