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Photo : Jean-Luc Blanchet
Expo / Jean-Luc Blanchet compose ses toiles en effaçant de la peinture. Et construit un univers sombre et sous tension, où les limites entre la vie et la mort, l'apparition et la disparition se brouillent... Jean-Emmanuel Denave
L'artiste, ainsi, compose en décomposant, peint en dé-peignant, crée en ôtant de la matière picturale. Ses œuvres jouent d'un nouveau rapport entre la matière et l'image créée par soustraction. Comme si derrière le rideau, derrière l'abstraction, parmi les méandres de la peinture, persistaient, fantomatiques, des images, des présences, du sens... Tout cela reste fragile et fugace : ses perroquets en train de voler semblent menacés d'être engloutis par la laque épaisse d'où ils sont «nés» ; ses arums évanescents ou certains visages féminins affleurent quant à eux à peine à la surface des toiles... Le conflit et la tension sont palpables dans toutes les œuvres de Jean-Luc Blanchet, l'artiste écrivant d'ailleurs sur une toile à la manière d'un graffiti : «Le temps passe et chaque fois qu'il y a du temps qui passe il y a quelque chose qui s'efface». La mort est à l'œuvre et Blanchet, plutôt que de lutter contre, utilise, épouse justement ses procédés pour donner vie à ses images. Sa «Grande Bouche» béante, proche d'une photographie du surréaliste Jacques-André Boiffard, rappelle ces mots de Jacques Lacan : «ce quelque chose d'à proprement parler innommable, le fond de cette gorge, à la forme complexe, insituable, qui en fait aussi bien l'objet primordial par excellence, l'abîme de l'organe féminin d'où sort toute vie, que le gouffre de la bouche où tout est englouti, et aussi bien l'image de la mort où tout vient se terminer».Jean-Luc Blanchet
À la galerie Domi Nostrae jusqu'au vendredi 30 avril.
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Jean-Emmanuel Denave