Diable d'avocat / De Antoine Raimbault (Fr., 1h50) Avec Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas...
Accusé d'avoir tué sa femme, Jacques Viguier se terre dans un mutisme coupable. Nora le croit si viscéralement innocent qu'elle convainc Me Dupond-Moretti de le défendre, se dévouant sans relâche pour trouver des preuves le disculpant, au risque de polluer la procédure par son action...
Il est peu fréquent sous nos latitudes de voir une affaire judiciaire aussi promptement adaptée sur les écrans français, et ce en conservant les noms des protagonistes. Le fait que le réalisateur ait été proche du dossier n'y est pas étranger, mais ne doit rien enlever aux mérites de ce qui constitue son premier long métrage. Un film de procédure et de prétoire répond en effet à un strict protocole : il se doit de reproduire la théâtralité de la liturgie judiciaire tout en intégrant son jargon et ses pesanteurs — qui en amenuisent sérieusement la dramaturgie.
Raimbault use d'un “truc“ pour dynamiser son film : l'invention de Nora, investigatrice parallèle, agissant comme les auxiliaires de la défense dans le monde anglo-saxon. Son action sur la narration (et globalement positive sur le verdict) repose la question d'une refonte du système judiciaire.
Lisibles, compréhensibles voire pédagogiques, la procédure puis le dénouement laissent la place au doute et sont du pain béni pour les comédiens, au premier chef desquels il convient de saluer encore Olivier Gourmet, Dupond-Moretti façon ours, et Laurent Lucas, interprète idéal d'un accusé camusien absent de lui-même.