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★★★☆☆ La Passagère
Âgée d'une quarantaine d'année, épouse épanouie d'Antoine — un marin-pêcheur avec lequel elle travaille — Chiara est troublée par l'arrivée de Maxence, un jeune apprenti “issu de la haute“ qui n'hésite pas à lui faire du gringue. Les absences d'Antoine favorisent leur rapprochement, jusqu'à ce que...
Passagère... S'agit-il de la liaison entre Chiara et Maxence ; celle entre Chiara et Antoine, ou bien de la situation de cette femme ni tout à fait jeune et pas encore vieille sur l'île où elle réside depuis vingt ans ? En mettant au féminin le titre, Héloïse Pelloquet place en tout cas d'emblée son héroïne au centre de l'intrigue — chose qu'elle faisait déjà dans ses courts métrages, dont la mer était aussi un élément structurant. Si elle revisite la romance jeune homme/femme mûre, c'est en déjouant absolument tous les clichés scabreux et narratifs d'un adultère “ordinaire“, aux ressorts dramatiques terriblement convenus. Bien malin qui peut ici anticiper sur le cours des choses, aussi inattendu que celui de l'existence, aussi dépourvu de futur qu'une passion se vivant au seul temps du présent, jusqu'au dénouement stupéfiant. La cinéaste filme de surcroît les corps avec un naturalisme narre, brut et sain, aux antipodes du voyeurisme. Et sans artifices, Cécile de France y apparaît aussi lumineuse qu'émouvante, déchirée par ses amours et rejetée par la communauté insulaire.
De Héloïse Pelloquet (Fr., 1h35) avec Cécile de France, Félix Lefebvre, Grégoire Monsaingeon...