La petite histoire / Inauguré en 2001 comme lieu culturel, le site des Subsistances a un riche passé ecclésiastique et surtout militaire. Zoom arrière sur l'histoire de l'un des plus beaux sites de la ville de Lyon.
C'est, au commencement, l'histoire d'un monastère qui a beaucoup bougé : celui des visitandines, sœurs de l'ordre de la Visitation, qui fut au début du XVe siècle à Annecy, et qui se déploya par la suite à Lyon. Les sœurs y furent contraintes de se conformer aux règles ordinaires des communautés de femmes : terminées les visites initiales aux malades (d'où elles tiraient leur nom).
À Lyon, elles s'installèrent notamment à Bellecour, à l'Antiquaille mais aussi, dès 1640, le long de la Saône. Et leur édifice sorti de terre pour l'occasion prit le nom de Sainte-Marie-des-Chaînes puisque se trouvait là un système défensif de la rivière, gardé la nuit par des barges en travers de la rivière, ici au nord et au sud au niveau de Saint-Georges. Celui-ci devait protéger les habitants d'une légende qui a la vie dure, celle de la Mâchecroute qui, d'un seul mouvement de queue, pouvait inonder la ville. Le site était assez naturel, bordé de vignes, mais aussi du Grenier d'abondance édifié entre 1722 et 1728, pour conserver la consommation annuelle de blé des 120 000 Lyonnais de l'époque. Depuis 1993 s'y trouvent les bureaux de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes.
Les Subsistances, rachetées pour un franc
Après la dissolution du couvent dans la Révolution, ce qui ne se nomme pas encore les Subsistances est affecté, en 1807, à des activités militaires : stockage de matériel et hébergement de militaires affectés aux nombreux forts environnants, à commencer par celui de Saint-Jean auquel il est adossé (et où se trouve actuellement l'École nationale des contrôleurs du trésor public). En 1840 est édifiée la cour centrale carrée, recouverte 30 ans plus tard d'un toit métallique de la période Eiffel. Parallèlement, et toujours sous l'égide de l'Armée qui occupe les lieux jusqu'en 1991, ce site devient un moulin à blé. Dès 1853, le premier d'entre eux est construit, deux autres suivront sur l'actuel bâtiment administratif et derrière l'accueil. Pas de hasard si une des salles de spectacles se nomme la boulangerie : elle abritait de grands fours à charbon. Voilà qui alimentait en pain les casernes de la région et aussi le front en période de guerre. Délaissé par l'État, les murs noircis, le site est racheté par la Ville de Lyon en 1995 pour un franc symbolique.

Que faire de cet immense ensemble de 10 000 m² avec notamment les anciennes chambres des sœurs, au-dessus du passage voûté ? Cela aurait pu atterrir entre les mains de promoteurs immobiliers, mais Raymond Barre voulu garder l'ensemble sous giron municipal. Il imagina un espace boisé... Son adjoint à la culture et au patrimoine Denis Trouxe (décédé en 2022) a eu une idée fixe : en faire un lieu de création sur le modèle ce que sont alors les transformations d'anciens sites industriels à Nantes (le LU) ou à Marseille (la Belle de Mai).
Le communicant, futur directeur de l'office du tourisme puisa alors dans sa jeunesse d'ancien comédien galérien pour donner des ailes à ce projet. Il n'y avait pas de place pour l'émergence, il fallait toujours aller à Paris, « nous étions dans un désert culturel qui se perpétuait. Il y avait beaucoup de tournées mais rien pour l'artiste du coin » nous confiait-il en 2017. Un collègue de la mairie lui opposa que ce serait un « nouveau Woodstock avec chichon et subversions ». Mais Raymond Barre se laissa convaincre. Après des travaux de réhabilitation, les Subsistances ouvrent donc en janvier 2001. Paul Gremeret qui l'a préfiguré meurt avant que le ruban tricolore ne soit coupé. Klaus Hersche puis surtout de 2003 à 2019, Cathy Bouvard et Guy Walter en font un laboratoire d'artistes de théâtre, de danse, de cirque, de performance et les dénichent avant qu'ils ne deviennent très connus pour le meilleur (Phia Ménard) ou un peu moins (Les Chiens de Navarre).
Depuis 2007, l'École nationale supérieure des Beaux-Arts s'est installée autour de la verrière après une deuxième tranche de travaux. Toujours en pointe pour accueillir des artistes hors catégorie, et malgré une baisse conséquente de budget de la Région en 2022, les Subs sont en pleine forme.
Quelques dates :
1640 : Construction pour le couvent de la Visitation
1791 : Les nonnes sont chassées par la Révolution
1807 : Arrivée de l'Armée
1941 : Prend le nom de Subsistances militaires
1991 : L'Armée quitte les lieux
1995 : Achat du site par la Ville de Lyon
2001 : Inauguration du site comme lieu culturel
2007 : Installation de l'ENSBA
• Actualité :
Sauve qui peut la vie du 29 janvier au 16 février.
Expériences culinaires, performances de jeux vidéo, spectacles, goûters électroniques, blind tea...
• Visite du lieu :
Jeudi 13 mars à 18h30 (avant le spectacle d'Aurélie Lüscher Les Corps incorruptibles) et le jeudi 3 avril à 19h30 (avant le spectacle de Théo Mercier Skinless) ainsi qu'aux Journées du patrimoine les 20 et 21 septembre 2025.
Les Subs
8 bis quai Saint-Vincent, Lyon 1er