Vie de quartier / Depuis septembre, la MJC Jean-Macé accueille un café associatif nommé Le Rhizome. Cet espace, ouvert trois soirs par semaine, vise à redynamiser la vie locale en créant un lieu de rencontre que les habitants et les adhérents peuvent s'approprier.
« Il manquait un lieu où les différents publics de la MJC pouvaient se croiser, échanger, ou simplement prendre un café », explique Adrien Rebillard, directeur de la MJC. La création du Rhizome répond donc à un besoin formulé depuis plusieurs années : un espace de vie au sein de la MJC située dans le 7ᵉ arrondissement de Lyon, notamment en soirée. « C'est aussi une manière de mieux répondre aux attentes des habitants du quartier », conclut le directeur de la MJC.
Le café associatif, ouvert du mardi au jeudi soir de 18h à 21h, offre un espace pour des activités comme de la musique, de la danse ou des ateliers d'improvisation. Sandrine, une adhérente venue chercher sa fille inscrite au cours de guitare, souligne : « C'est vraiment ce qu'il manquait dans cet espace. On sent qu'il peut devenir un point de rencontre important. »
Un fonctionnement encore en rodage
L'ouverture du Rhizome repose sur un poste à temps partiel spécialement créé pour animer le lieu. Jelena Dzekseneva, chargée de cette mission, jongle entre logistique, gestion des stocks et coordination des activités. Originaire du Kazakhstan et formée en anthropologie à Lyon, elle met son expérience de la médiation culturelle au service du projet. « Ce n'est pas simplement un espace de consommation », affirme-t-elle avant de reprendre : « On teste des formats, on s'adapte aux retours, mais l'idée reste d'en faire un lieu où chacun trouve sa place. »
Cependant, le modèle économique du café reste à trouver. Si le prix de la restauration est fixe et les boissons chaudes à prix libre, la MJC envisage d'introduire des "soirées à prix libre" pour développer un modèle plus participatif tout en équilibrant les finances. « C'est un vrai choix politique d'avoir créé ce poste en CDI », souligne Adrien Rebillard. « Malgré un contexte budgétaire tendu, nous avons décidé de nous engager pleinement. »
Une programmation participative à inventer
Pour l'instant, le Rhizome reste en phase d'expérimentation. Les équipes testent différentes activités et collaborent avec des associations locales pour diversifier l'offre. Le café veut aussi incarner un tremplin pour les usagères et usagers souhaitant valoriser leurs pratiques. « Des animateurs de cours, mais aussi des collectifs locaux commencent à investir l'espace pour tester leurs projets. C'est exactement ce qu'on espère d'un lieu comme celui-ci », explique Jelena Dzekseneva. Ainsi, certains élèves des cours de guitare profitent des sessions de jam pour montrer ce qu'ils ont appris devant un public, tandis que des ONG viennent présenter leurs actions.
Cet espace d'expérimentation, aspire à devenir un modèle pour d'autres MJC. « Nous innovons en termes de diagnostic et de réponses aux besoins locaux », souligne Adrien Rebillard.
Jelena Dzekseneva : « L'anthropologue idéal, c'est celui qui se tient derrière un bar »
Originaire de Lituanie, Jelena Dzekseneva a grandi au Kazakhstan avant de poser ses valises à Lyon en 2008 pour des études en anthropologie à l'Université Lyon 2. Elle a eu l'occasion d'étudier au Brésil, où elle s'est passionnée pour les dynamiques sociales des quartiers populaires. De retour en France, elle a multiplié les expériences dans le champ de la médiation culturelle, notamment dans des centres sociaux et des structures éducatives. Son parcours atypique nourrit aujourd'hui sa vision du Rhizome : « J'ai toujours cru que les lieux collectifs étaient des leviers essentiels pour réduire l'isolement. Ce café est une manière de provoquer des rencontres et de donner un espace à chacun pour s'exprimer. » Elle veut incarner une coordinatrice à l'écoute. Elle affirme avec conviction : « L'anthropologue idéal, c'est celui qui se tient derrière un bar, à écouter et à échanger avec les gens. »
