Sept expositions incontournables à voir en juin à Lyon

Expositions / D’étranges figures peuplent les lieux de l’art lyonnais en ce mois de juin. Les temporalités différentes se superposent, générant des rencontres inattendues entre ancien et contemporain, abstrait et figuratif, monde païen et science-fiction, intérieur et extérieur, paradis et enfer, laissant aussi la place à la contemplation du calme et du silence, entre suspension du temps et érudition raffinée.

Tatouages académiques par Robert Combas

Le geste de Robert Combas ressuscite les dessins des élèves des Beaux-Arts en provoquant une nouvelle germination de sens. Intervenant graphiquement sur des exercices académiques, minutieux et répétitifs, Combas resignifie la peau des images. L’anatomie se transformes ainsi en carte, lieu où l’aspect ludique et la provocation s’allient pour interroger le rapport entre tradition artistique, évolution sociétale et symbolisme. L’exposition, présentant pour la première fois au public 54 tatouages académiques et deux gravures, est accompagnée par un catalogue qui constitue un objet d’art précieux célébrant à juste titre un travail fascinant.

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Robert Combas, Le grand con masqué ou le grand con démasqué, 2023, 48x32 cm © Harald Gottschalk

 

à la galerie Henri Chartier jusqu’au 13 juillet

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À livre ouvert par Liu Xiaodong

Les peintures de Liu Xiaodong cherchent le point d’équilibre entre géométrie et narration, émotion et hommage. Dans leur simplicité supposée, ces surfaces cèlent des énigmes discrètes exonérant l’œil de son autorité. L’imposant autoportrait en noir qui ouvre l’exposition annonce l’incursion dans un espace où le livre, en tant qu’objet et symbole, définit les coordonnées de la découverte. Avec ses 26 huiles sur toiles, le mur du fond est un hommage à la fois poignant et méthodique à Mark Rothko. S’approchant des œuvres, la partition brumeuse des pans inspirée par l’artiste américain se cristallise et révèle les plats et les tranches de livres : l’abstrait peut enfin se dissiper, restituant le regard à sa stupéfaction.

Liu Xiaodong, Turned Sheet, huile sur toile, 2023, 41x35 cm © DR


au Nouvel institut franco-chinois jusqu’au 19 juillet


Jamais deux sans trois par Mon Colonel & Spit

Comme le titre de l’exposition le laisse présager, la galerie fondée par Jérémie Masurel accueille pour la troisième fois le duo Liégeois composé par Éric Bassleer (alias Mon Colonel) et Thomas Stiernon (alias Spit). Un partenariat détonnant dont la pratique artistique se concentre depuis 2015 sur le medium de la céramique. Jamais deux sans trois est l’occasion de plonger dans leur univers étrange, drôle et inquiétant, où des éléments provenant de la science-fiction se mêlent avec l’esthétique des rites et rituels (on pense à l’Užgavėnės, le carnaval païen lituanien, par exemple), aux masques africaines, océaniques ou du théâtre balinais afin de provoquer une superposition de temps et de cultures. Le résultat est loin d’être ordinaire et le mur avec les 117 sculptures tératomorphes vaut sans aucun doute le détour.

Vue de l'exposition "Jamais deux sans trois" de Mon Colonel & Spit © Ghislain Mirat 


à la galerie Slika jusqu’au 22 juin


EKS.’TRA:.NEUS

Dans la galerie Artemisia, au cœur du site Descartes de l'ENS, prend place une réflexion collective agissant entre parole et acte, s’insinuant dans les significations et les effets sur le réel de l’étrange et l’étranger, de l’altérité et l’inconnu. Les artistes exposés – Charlemagne Palestine, Younès Ben Slimane, Valérie Jouve, parmi d’autres – semblent établir des connexions souterraines avec L’intrus de Jean-Luc Nancy et Hospitalité de Jacques Derrida, interrogeant le rapport individuel et collectif avec l’étrangeté et l’étrangèreté. L’exposition, élaborée dans le cadre de la 13e édition de l’Unité d’enseignement professionnalisante "Pratiques curatoriales", est le point d’orgue du partenariat entre l’IAC et l’ENS et se démarque pas le travail exigeant et rigoureux des six jeunes commissaires. 

Charlemagne Palestine, Corvoloonya, 1983 © Institut d'art contemporain, Villeurbanne  Rhône-Alpes


à la galerie Artemisia de l’ENS jusqu’au 28 juin


Eau, Eden, Enfer par Francky Criquet

La peinture inquiète de Francky Criquet ne semble répondre qu’aux valeurs picturales intrinsèques de son apparition. Dans ce mouvement de venue à la surface, les figures se libèrent du chaos informe, s’en extirpant avec les énergies résiduelles : un effort qui les restitue à la vie. Mais les corps affichent les séquelles de cette action liminale, s’exposant dans leur nudité crue, marquée, floue. Malgré la violence de la défiguration et de l’effacement, les figures demeurent courageuses, faisant résonner une parole poétique unissant ciel et terre, Paradis et Enfer.

Francky Criquet, La Barque, acrylique sur toile, 2024, 180x150 cm


à la galerie Valérie Eymeric jusqu’au 28 juin


Solo show par Marc Desgrandchamps

Loin du décorativisme – platitude n’étant qu’une fin en soi – l’univers de l’artiste originaire de Sallanches est le lieu de la rencontre des inconciliables. Figeant l’instant précédant tout dérapage, tout écroulement, Marc Desgrandchamps s’autorise à manipuler le temps : toute l’œuvre de l’artiste est un inventaire d’images suspendues, arrachées au continuum temporel. Ainsi délivrées de la linéarité chronologique, les peintures peuvent accueillir différentes temporalités, piégeant la contradiction et produisant non pas l’impossible, mais l’absurde. Dans cette métaphysique du quotidien convoquant Giorgione, Antonioni, de Chirico et Hockney, l’artiste semble dévoiler en voilant, exposer sans arracher la couverture du monde.

Vue de l'exposition "Solo Show Marc Desgrandchamps" à Manifesta, 2024 © Photo Guillaume Grasset


à Manifesta jusqu’au 19 juillet


Se reposant sur le cours du ciel par Lilian Euzéby

Les 25 œuvres prenant place sur les murs des trois salles de la galerie produisent un effet immédiat de stase métaphasique, à savoir de suspension du temps et de respiration immaculée. Mais loin d’être des objets inertes, ces toiles et ces papiers laissent apercevoir leur secret clandestin, sans pourtant révéler entièrement l’énigme de leur vérité. L’érudition esthétique de Lilian Euzéby s’incarne dans la conjonction entre figuratif et abstrait, à la lisière d’un visible toujours sur le point d’esquiver tout regard souhaitant le fixer. Les cieux et les mers se touchent, définissant ainsi l’hypothétique ligne d’horizon, mais leur désir semble viser à confondre l’œil dans son errance ; une errance qui fait halte dans l’instant de la rencontre surprenante avec les mots, enchâssés entre les lignes, posés sur les embruns raffinés. 

Lilian Euzéby, Le sens des choses, 2021, 230, 5x131 cm © DR


à la galerie Regard sud et chez Agnès B Homme jusqu’au 13 juillet

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