« Je ne crois pas aux paysages. Parfaitement. » écrit, en refusant de se justifier, le poète Fernando Pessoa. Sans se justifier beaucoup plus, la Galerie Michel Descours a invité trois artistes contemporains sous l'égide de cet athéisme paysager. C'est curieux pour Marc Desgrandchamps qui ne fait, depuis bien des années, quasiment que cela : peindre des paysages ! Mais ça l'est moins lorsqu'on découvre concrètement ses toiles qui ne cessent de faire dégouliner les perspectives, trembler les lignes d'horizon et les motifs, rendre aussi fantomatique que vaporeuse toute réalité, qu'elle relève de dame nature ou de ses excroissances humaines.
C'est aussi assez curieux pour Frédéric Khodja qui dessine, surtout, des architectures imaginaires et des espaces improbables, en ouvrant des fenêtres quasi "paysagères" ou (plutôt) cinématographiques sur le monde. L'artiste se révèle être aussi, par la bande, un post-romantique : certes moins versé vers le rendu paysager scrupuleux de l'École de Fontainebleau, que traversé par des rémanences d'odeurs, de sensations, de ruines, d'atmosphères, de hasards de paysages. Il ne croit pas plus aux paysages qu'en dieux, mythes, prodigalité de la nature ou en la perfection de l'image... Mais il constate (crayons et craies en main), s'appuie, et nous avec lui, sur leurs forces plastiques.
Je ne crois pas aux paysages
À la Galerie Michel Descours jusqu'au jeudi 31 octobre