Sélection / Le mois de novembre s'annonce intense, avec quelques grands noms dans leur domaine comme Hofesh Shechter, Nora Hamzawi, Alain Françon, Soa de Muse ou encore Chloé Moglia.
Les Fausses confidences
Un décor ultra classique, forcément trop ; un texte moderne mais datant du XVIIIe siècle ; et pourtant un spectacle parfait. La langue de Marivaux ne peut être dite et recevable que par des acteurs et actrices majeurs. C'est le cas ici avec Georgia Scalliet dans le rôle d'une femme debout contre sa mère et les ordres établis de son rang. Avec Pierre-François Garel, Dominique Valadié, Gilles Privat et d'autres, Alain Françon fait preuve d'une maîtrise et d'une rigueur totales. De l'avantage du travail et de l'expérience cumulés à 79 ans !
NP
Les Fausses confidences
Du 6 au 17 novembre aux Célestins (Lyon 2e) ; de 5€ à 40€
Oublie-moi
Un homme, une femme. Ils vont s'aimer, follement, et vivre une passion d'un rose éclatant. Jusqu'à ce que la mémoire de l'un des deux leur fasse défaut... Succès incroyable depuis sa création il y a deux ans, Oublie-moi du duo Marie-Julie Baup et Thierry Lopez, sur une histoire de l'Anglais Matthew Seager, est de ces spectacles qui s'ancrent dans le réel façon comédie romantique pour, ensuite, mieux ausculter la cruauté de ce réel. Ne craignant pas les émotions sans pour autant tomber dans le pathos, le duo aux commandes a construit une aventure qui gagne en intensité au fil de la représentation pour finir par littéralement s'accrocher au cœur du public, qui ressort souvent les yeux humides.
AM
Oublie-moi
Le 8 novembre au Radiant (Caluire-et-Cuire) ; de 20€ à 40€
Le Temps des fins
Voici une fable des temps modernes. Le sujet ? L'écologie – sans didactisme. Et la lutte pour que chaque espèce puisse continuer à vivre. Dans un décor de forêt, l'excellent Guillaume Cayet, auteur formé à l'ENSATT, élevé près des bois de la Bure dans la Meuse, enchâsse trois récits (un chasseurs, des zadistes, un survivaliste...) dont l'écriture varie crescendo de l'onirisme au réalisme. Ample, bercé par la musique d'Anne Pacéo et des chants choraux lors des points de bascule, Le Temps des fins fait aussi place à la vidéo et à des masques de bêtes remarquables afin d'envelopper le spectateur dans cette atmosphère inquiétante et creuset de nouveaux imaginaires. À sa création au CDN de Valence en mai dernier, tout était déjà très en place.
NP
Le Temps des fins
Les 13 et 14 novembre au théâtre du Point du Jour (Lyon 5e) ; de 5€ à 18€
La nuit du cirque
L'événement national se déploie à Lyon, notamment aux Subs qui alignent trois spectacles à la suite du Finlandais Jani Nuutinen, homme-orchestre et manipulateur d'objets à découvrir sous la verrière, dans le hangar et sous le chapiteau qu'il a construit. Chloé Moglia, avec son Rhizikon en suspension, sera à la Mouche (suivi de la projection de courts-métrages sur le thème de « l'amour du risque ») puis à l'Ecole de cirque.
NP
Trilokia
Du 13 au 17 novembre aux Subs (Lyon 1er) ; de 5€ à 18€
Rizikhon
Le 15 novembre à la Mouche (Saint-Genis-Laval) ; 15€
Les 16 et 17 novembre à l'École de cirque de Lyon (Lyon 5e) ; entrée libre
La Haine
En 1995, Mathieu Kassovitz sortait son film choc La Haine. Presque 30 ans plus tard, et grâce à une alliance public-privé (le Crédit mutuel en tête), il transforme (avec Serge Denoncourt) son récit d'une banlieue en ébullition après des violences policières... en comédie musicale ! Le spectacle est plébiscité par certains (notamment sa scénographie 3D brillante), et questionné par d'autres sur le plan des valeurs et du message (la souffrance au travail de la police est mise sur le même plan que la mort d'un enfant, tué par cette même police). On note aussi un très beau casting à la bande originale : Médine, Youssoupha, Jyeuhair, Doria, Benjamin Epps et Clara Luciani.
LS
La Haine
Les 15 et 16 novembre à la LDLC (Décines-Charpieu) ; de 25€ à 85€
Diaspora
Figure de la saison 1 de l'émission Drag Race France vue également ces dernières semaines dans une version internationale du concours de drag queens, la Martiniquaise Soa de Muse est une artiste avec un sens du show flamboyant et un propos très politique. On en aura sans doute la preuve avec le dévoilement de son spectacle Diaspora, « cabaret afro-futuriste queer et militant » proposé avec Shei Tan et Mami Watta, cette dernière ayant été vue dans la saison 2 de Drag Race France. Un spectacle à découvrir à la Croix-Rousse dans le cadre du Festiv·iel, « temps fort annuel dédié au féminisme inclusif, aux cultures queer et aux questions de genre et de sexualité ».
AM
Diaspora
Les 15 et 16 novembre au théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4e) ; de 6€ à 29 €
Anatopies
Avec sa complice Coralie Maniez, Justine Macadoux a tourné à partir de 2018 le très inventif Géométrie du dialogue dans lequel deux vieilles femmes déroulaient leur vie en la dessinant à la craie sur la boite noire qui cachait leurs têtes. Voici que la jeune artistique formée aux marionnettes dans le plus prestigieux des lieux dédiés, à Charleville-Mézières, revient avec une création, Anatopie, consacrée au corps humain, avec des sortes de peintures translucides, comme des scanners artisanaux, et un peu de mapping vidéo. 45 minutes pour les enfants dès 6 ans.
NP
Anatopies
Du 18 au 20 novembre au théâtre de l'Élysée (Lyon 7e) ; de 11€ à 15€
Le 26 novembre à La Mouche (Saint-Genis-Laval) ; de 7€ à 10€
Nous ne sommes plus
Qu'emmène-t-on quand on part ? Longtemps, Tatiana Frolova a fait du théâtre depuis l'extrême-Est de la Russie, à Komsomolsk-sur-l'Amour. Mais depuis la déclaration de guerre, cette contestataire de la politique poutinienne n'est plus en sécurité en Russie. C'est donc en France, où elle est réfugiée avec sa compagnie du théâtre KnAM, qu'elle a inventé ce spectacle très émouvant. Elle poursuit ainsi son cheminent qui est de raconter une nation à travers ce qui a survécu à ce départ sans retour –des objets, des photos, des chansons.... Toujours artisanal, son très fin travail est ici repris un an après sa création dans le festival qui la couve, Sens interdits.
NP
Nous ne sommes plus
Du 20 au 23 novembre au TNP (Villeurbanne) ; de 7€ à 26€
Nora Hamzawi
Figure de l'humour miroir (celui où le public peut rire de soi-même grâce à quelqu'un qui rit de lui-même – vous suivez ?), Nora Hamzawi se livre spectacle après spectacle, avec un talent certain d'interprétation, sur son quotidien et ses obsessions de, pour résumer rapidement, bobo citadine en couple. Aujourd'hui mère, la voilà de retour avec un troisième stand-up dans lequel, visiblement (nous ne l'avons pas encore vu), elle se dévoile anxieuse face à l'époque actuelle. « Plus je suis inquiète sur l'état du monde, plus je consulte pendant des heures des trucs artificiels, comme des tutos de maquillage » déclarait-elle au Monde il y a quelques mois. Autodérision, toujours.
AM
Nora Hamzawi
Le 23 novembre à la Bourse du travail (Lyon 3e) ; de 36€ à 42€
Projet Nanashi
Maud Lefebvre nous avait bluffés avec Cannibale en 2015 (chance, la pièce est reprise aux Célestins en mars). Depuis, elle a creusé une forme de théâtre qui refuse le minimalisme (décors encombrants, toujours justifiés par ses intentions de mise en scène) au service de récits souvent déchirants et inquiétants (l'adaptation d'Une femme sous influence) parfois adressés au public jeune (Maja, formidable conte moderne avec un loup). Voici qu'elle travaille avec six élèves de la Comédie de Saint-Étienne (où elle a été formée) pour cette commande légère, destinée à voyager hors des théâtres, qui emprunte aux codes de la jeunesse présente sur le plateau (manga, jeux vidéo, série) pour un spectacle annoncé à la croisée du thriller et du drame familial.
NP
Projet Nanashi
Du 26 au 30 novembre, au TNG Ateliers Presqu'île (Lyon 2e) ; de 5€ à 22€
Theatre of dreams
Efficace : c'est le mot qui vient à l'esprit en sortant de la pièce Theatre of dreams du chorégraphe israélien Hofesh Shechter, grand nom de la danse contemporaine vu notamment il y a deux ans dans le film En corps de Cédric Klapisch. Un captivant tourbillon de maîtrise construit autour des rêves, des fantasmes, des cauchemars... Sur scène, treize interprètes, brillants, physiques, investis, en mettent plein la vue, allant jusqu'à convoquer à un moment une partie du public à leurs côtés pour communier avec lui – en dansant bien sûr. Pas le spectacle le plus fin de la saison, mais si les gros sabots ont cette tenue, on les enfile volontiers.
AM
Theatre of Dreams
Du 27 novembre au 5 décembre à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; de 13€ à 45€
La Dernière frontière
Une femme plaque tout et va pêcher en Alaska pour éprouver le vent, le froid, les éléments dans des conditions extrêmes. La metteuse en scène Lucie Rébéré, qui nous avait conquis avec Sarrazine (2019), s'est emparée du roman de Catherine Poulain, Le Grand marin, et retrouve Nelly Pulicani, entourée ici de trois autres comédiennes. Comment franchir des frontières et s'affranchir des conventions ? C'est ce que ce spectacle promet de creuser. Il sera créé au théâtre de la Renaissance qui, depuis janvier, est dirigé par Hugo Frison, et ira ensuite dans un autre théâtre du département dont la direction est également nouvelle cette saison : celui de Villefranche-sur-Saône entre les mains d'Antoine Gariel.
NP
La Dernière frontière
Du 28 au 30 novembre à la Renaissance (Oullins) ; de 5€ à 27€
Le 18 décembre au théâtre de Villefranche ; de 8€ à 25€