Le très talentueux Enzo Cormann sera mercredi à la médiathèque de Vaise pour une rencontre autour de ses multiples activités : auteur, metteur en scène, acteur, enseignant et désormais... romancier. Yann Nicol
Dans son premier roman, Enzo Cormann livrait le testament d'un homme, Venus, dont la folie ne trouvait de répit que dans la propension de l'art à répondre à la «question de l'être». Son deuxième projet romanesque, Surfaces sensibles, s'inscrit dans sa droite ligne, puisque ce «roman à trois voix» est lui aussi une profonde réflexion sur le rapport à l'expression artistique, particulièrement à la photographie et au jazz. Par l'entremise de ses trois personnages féminins (une photographe célèbre devenue aveugle, une jeune femme ayant vécu une passion destructrice avec un jazzman et une mystérieuse demoiselle recluse dans son univers musical), il donne à voir les interrogations d'artistes en proie avec la difficulté à dire le réel et à s'éprouver eux-mêmes dans leur présence au monde. En passant au roman, Enzo Cormann s'est certes plié aux codes du genre, dont le premier pas est la création de héros de papier. Chez Lori, Babette et Zoé, on a pourtant moins à faire à de réels personnages qu'à des voix, dont la profondeur et la sensibilité résonnent longtemps après que l'on a refermé le livre. On pense alors à cette phrase de Lori à propos de son approche photographique, qui semble si bien convenir pour définir le travail littéraire et romanesque de Cormann : «La représentation a le pouvoir étrange d'accoucher d'une vérité plus saisissable que la réalité. Bien sûr, la plupart des photos sont menteuses. Mais elles le sont à proportion de leur capacité à questionner le réel». Un mensonge qui dit la vérité, donc...