Deux visages de Neil Young

Deux visages de Neil Young
Cinéma / Deux films majeurs ont immortalisé les concerts de Neil Young : Year of the horse de Jim Jarmusch en 1997 et Heart of gold de Jonathan Demme dix ans plus tard. Pourtant, difficile de juxtaposer ces deux documentaires tant, à une décennie d'écart, ils dessinent deux visages complètement différents du musicien. Cela est sans doute lié à la personnalité des cinéastes qui le filment... Mais même Young, entre sa tournée marathon qui l'emmène à travers l'Europe et les États-Unis au mitan des années 90 et ce beau concert intimiste à Nashville donné quelque temps après la sortie de Prairie wind, est passé du stade de chien encore fou à celui de vieux sage.
Year of the horse montre un Neil Young rock, entouré de son groupe (Crazy Horse), saisi en une multitude de fragments captés sur tous les supports d'images disponibles (Super 8, 16 mm, vidéo...), laissant la parole à ses collaborateurs... Jarmusch, fidèle à lui-même — mais aussi à Young, qui lui avait composé la musique de Dead Man, fondamentale pour la réussite du film — a écrit son documentaire comme un travelling latéral, une promenade avec Neil Young sur les routes et dans les salles, toujours en mouvement et dans l'action.
À l'inverse, Demme le montre assis devant une toile peinte représentant un paysage entre John Ford et Norman Rockwell, une petite maison, une grande prairie, un ciel bleu azur... Le réalisateur va donc se concentrer sur le visage de Neil Young, figure eastwoodienne dont chaque pli semble représenter une blessure ; le voilà seul face à sa musique, même quand des guests viennent opportunément lui prêter main forte. Le rock s'est transformé en country music mélancolique, les ombres n'ont plus besoin du noir et blanc jarmuschien pour envahir l'écran. Ce sont celles de l'Amérique, encore traumatisée par le 11 septembre et ses conséquences, hantée par les fantômes des soldats morts en Irak. À l'euphorie de Year of the horse répond la bouleversante gravité de Heart of gold, probablement un des plus beaux films-concerts jamais réalisé. Reste un point commun : ni Jarmusch, ni Demme ne cherchent à percer le mystère de Neil Young, mais plutôt à magnifier cette surface généreuse, célébrant l'intégrité d'un artiste unique et loin des modes.CC

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 13 juin 2017 Après treize ans de bons et loyaux services dont trois à la direction, Damien Debard n'est plus à la tête de l’Épicerie Moderne. C'est François Jolivet qui a repris la direction de la salle feyzinoise : nous sommes allés à sa rencontre.
Lundi 13 juin 2016 En attendant d'entrer pleinement dans la saison des festivals, voici dix concerts à ne pas louper dans la ville.
Mardi 5 janvier 2016 Entre Polna, Neil Young, les Insus et même le retour du plus si jeune Jon Spencer (porté pâle au printemps), les aînés seront là en force en 2016. Mais la jeune garde veille et ne s'en laissera pas compter.
Vendredi 18 décembre 2015 La dernière fois que le Loner a joué à la Halle Tony Garnier, en 2008, il avait fait montre d'une vista qui ridiculisa par avance la prestation du (...)
Jeudi 4 juillet 2013 D'un côté, à Fourvière, le revival de l'âge d'or hippie avec le trio Crosby, Stills & Nash, de l'autre, à Vienne, le rock épileptique de Neil Young et sa fidèle machine de guerre Crazy Horse. Le tout à un jour d'intervalle. Etrange coïncidence quand...
Vendredi 25 janvier 2013 Où qu'il puise ses origines éparpillées, le folk aura toujours été une affaire de transmission. C'est bien là l'esprit de la double rencontre organisée à la (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X