Avec Miss Ficelle, Elisa Do Brasil, Missil et Dj Storm, la Lyonnaise Flore fait partie d'un cercle très fermé : celui des amazones des platines qui envoient du lourd. Mais limiter la rousse piquante à un rôle de pousse-disques-qui-tabassent est une sombre erreur. Explications. Antoine Allegre
Non. L'incandescente Dj rouquine, prêtresse de la drum'n'bass et du break sauce Nantua, Flore, n'est pas une enfant des pentes. Que les choses soient bien claires. Même si elle avoue, amusée, être bobo depuis quelques mois à la terrasse d'un café croix-roussien. À 29 ans, la Lyonnaise pur jus a traîné sur les bancs des écoles catholiques et a passé un bac littéraire, tout ce qu'il y a de plus commun. Toutefois elle avoue que son grand frère, Matthias, était le patron du premier vinyl-shop électro de Lyon, Expérience. Gamine, je l'ai pas mal suivi en fête avec sa bande de potes. Avant de se frotter à l'électro, Flore était guitariste dans un groupe de rock un peu new-wave façon Les Années collège. Elle aime la puissance des Led Zeppelin et le psychédélisme des Pink Floyd. Son bac en poche, elle suit de plus en plus son frère en soirées. Ma vie a commencé après l'école. En 1996, elle va voir en concert Björk ; l'ex-fiancé de l'Islandaise assure la première partie. Il se prénomme Goldie, il est le précurseur du mouvement jungle. Je me suis pris une vraie grosse claque musicale. Une expérience unique qui a profondément changé sa vie.
COMPOSITRICE AVANT D'ÊTRE DJ
L'été de mon bac, j'ai rencontré deux Autrichiens, clients fidèles du magasin de mon frère. Ils faisaient de la house. Ils avaient du matériel, m'ont montré comment s'équiper, s'en servir... J'ai commencé à potasser la presse spécialisée et je me suis rendue dans les bonnes boutiques. À reculons, Flore s'inscrit en philosophie à la faculté. J'ai tenu quinze jours. Je suis rentrée chez ma mère et lui ai dit que je voulais faire de la musique électronique. Elle m'a soutenue. Elle était pas hyper ravie mais visiblement j'avais l'air tellement convaincue.... Pour constituer son premier home studio, Flore travaille dans des restaurants, dans des boulangeries... Un ordinateur Atari, un clavier et un sampler plus tard, Flore tâtonne et se fait les dents de la production. Le deejaying ? Elle est tombée dedans par hasard en 1998. J'avais une platine vinyle. Un très bon pote voulait mixer et avait aussi une platine. On a rassemblé les deux. On s'est acheté une table de mixage parce qu'on avait envie de rigoler. Il organisait pas mal de soirées chez des potes. De fil en aiguille je me suis retrouvée toute seule derrière les platines et là... j'ai vu la réaction des gens quand je passais de la musique. C'était purement génial. Et vu que Flore n'est pas du genre à faire les choses à moitié, elle délaisse momentanément la production, sa passion première, pour se consacrer à l'art des platines.
DE LA CHANSON ÉLECTRONIQUE
Pendant cinq ans, elle enchaîne les dates, multiplie les allers-retours en Angleterre où elle devient l'attraction de la scène drum'n' bass. Imaginez... une fille française dans un milieu où la testostérone fait loi. En 2003, la drum'n'bass prend une tournure un peu trop lugubre à son goût, elle découvre le break et s'amourache du côté animal de ce son. Elle sort son premier maxi vinyle auto-produit, un remix bien balancé du morceau culte Pump Up The Volume. Et c'est à ce moment que la carrière de la jeune femme décolle. Elle fait l'ouverture d'un tout jeune festival appelé Nuits sonores. Puis fait une apparition très remarquée au Printemps de Bourges. Là, ça a bien excité le schmilblick, constatet- elle amusée. Dès lors, elle joue énormément en France et arrive à sortir une douzaine de maxis sur des labels français et anglais. Durant cette période mouvementée, l'idée de faire un album ne l'enchante guère. Si c'est pour faire une compilation de maxis... Ça ne sert à rien. Mais l'idée germe. Depuis deux ans et demi, elle planche sur son tout premier album. L'important était de faire quelque chose de personnel et qui reflète ce que je suis sur scène. Autant dire que Flore va prendre à contre-pied son monde. Son ambition : faire un album de chanson de musique électronique. Elle collabore avec des vocalistes d'horizons divers rassemblés autour d'une bannière pop : des gens du cru tels que Vale Poher, Scalde, Yo Majesty, les Gourmets... et cerise sur le morceau Rodney P, himself, légende du rap so british. Son oreille musicale ne se limite pas aux rythmiques syncopées et ultra-speedées du break et de la drum' n'bass. La belle a déjà mis onze morceaux en boîte et le tout sonne très pop. L'engin sonore non identifié arrive dans les bacs au printemps 2009 et sera édité par le label anglais Botshit, En attendant, un premier maxi en compagnie de Rodney P en forme de mise en bouche arrive début janvier.
DJ FLORE AVEC YO MAJESTY
À la Plateforme, le 14 novembre DJ FLORE AVEC SKREA
À la Marquise, le 20 novembre