Théâtre / En résidence aux Célestins, la compagnie des Lumas profite de ce moment dans le plus duveteux des théâtres lyonnais pour fouiner au fin fond de nos contradictions. Le temps est à la séduction tous azimuts ? Voilà qu'Angélique Clairand nous sert un coaching amoureux énergique (le mois dernier, La Bête a deux dos)... La pantomime du pouvoir bat son plein ? Voici Rirologie, un spectacle court et dense qui explore toutes les voies pour accéder au trône. De batailles électorales pinaillées à une voie près (ah ! la monarchie participative...) en putsch sans idéologie autre que d'écraser l'autre, Éric Massé met en scène (et en jeu) le texte écrit pour l'occasion de Laurent Petit. Le bouffon est mort, trois individus pleurnichent sa disparition avant de s'écharper pour prendre sa place, donnant libre court à d'ingénieuses inventions de costumes et de décors (une piste dorée mais... glissante). Comme à leur habitude, les Lumas incluent le public dans le jeu de manière intelligente et surtout justifiée par la démagogie des personnages et non par celle des artistes, au risque parfois que ce recours à la salle casse légèrement la fluide et rapide mécanique du spectacle. Nous sommes le peuple, les électeurs, les guignols aussi à qui le bouffon promet cinq minutes de gloire contre un bulletin de vote. Troublant miroir que ces Rirologies qui portent haut les couleurs du divertissement et du message politique à peine planqué sous les artifices du théâtre. Nadja Pobel
Rirologie ou le discours des queues rougeAux Célestins jusqu'au 21 mars.