Théâtre / Dramaturge suédois contemporain, Lars Norén n'a pas l'habitude de faire dans la dentelle. Ses textes incisifs sont des témoignages de la société déglinguée dans laquelle il évolue ; lui même a été confronté très tôt, à 20 ans, de manière intime aux dérèglements intérieurs et aux affres de l'enfermement psychiatrique, suite à une schizophrénie. Pourtant parfaitement lucide, il décrit les anomalies d'aujourd'hui : il s'est dernièrement penché sur le meurtre d'Anna Politovskaia ou la tuerie d'Emsdetten en Allemagne en novembre 2006. Avec Froid, il inspecte le racisme ordinaire de quelques nazillons qui vont jouer avec un jeune de passage, d'origine coréenne et adopté par des suédois dès ses deux ans. Sa "face de citron" comme l'aurait dit Eastwood dans Gran Torino ne leur revient pas ; le spectacle est son supplice. Ils trompent leur ennui dans la violence, trempent leurs lèvres dans des litres de bières comparées aux femmes (des brunes, des blondes...) et ne trouvent de distraction que dans le foot, surtout Manchester United, pour Cantona, le bad boy d'avant Rooney. Le texte ne dit dans le fond pas grand chose de neuf et reste un simple exemple de cette imbécilité (et souffrance ?) sans chercher à en comprendre les motifs. Norén est à la surface de cet abîme. Avec cette matière brute, Simon Detétang signe toutefois une tonitruante entrée en scène : les trois ados, rangers aux pieds tombent du rideau de fer et imposent leur présence menaçante, une scène oblique accentue la notion de déséquilibre de ces personnages pleinement campés par des anciens élèves de l'ENSATT. Nadja Pobel
FroidAu théâtre des Ateliers jusqu'au 3 avril.