De Yojiro Takita (Japon, 2h11) avec Masahiro Motoki, Tsutomu Yamazaki...
Daigo, violoncelliste discret, est obligé de revoir ses plans lorsque son orchestre est dissout. Il embringue son affable épouse jusqu'à son village natal, où il trouve un emploi dans une entreprise de pompes funèbres. Le commerce de la mort étant furieusement tabou, il cache sa nouvelle situation à sa femme, tout en s'adaptant à ses nouvelles fonctions. Dans une salutaire volonté de dédramatiser le caractère pesant des thématiques abordées, Yojiro Takita et Masahiro Motoki (acteur principal et coscénariste du film) optent pour un ton d'une légèreté pour le moins inattendue, allant même jusqu'à verser dans une trivialité pas forcément du meilleur goût ! C'est à la fois le charme et la limite de Departures : son caractère mélodramatique est sans cesse tempéré par de précieux sursauts de vitalité, tant dans la mise en scène que dans l'impeccable direction d'acteurs, mais cet équilibre instable crée malgré lui une distance dommageable vis-à-vis des événements. Quand Takita reprend foi en son récit, cela donne cependant de très beaux moments de cinéma, en particulier lorsqu'ils sont accompagnés de la partition lyrique à souhait de Joe Hisaishi (collaborateur régulier de Miyazaki et Kitano). Pour ces moments de grâce, pour le sourire lumineux de Ryoko Hirosue, et enfin pour son culot relativement bien dosé, Departures reste une œuvre des plus agréables, dont le caractère mutin a probablement décidé l'Académie à lui remettre l'Oscar du meilleur film étranger, au détriment d'œuvres artistiquement supérieures mais plus... anxiogènes.
François Cau