«Un effet de réel maximum»

«Un effet de réel maximum»

Claude Miller explique l'étonnante gestation de 'Je suis heureux que ma mère soit vivante', du fait-divers initial raconté par Emmanuel Carrère à sa coréalisation avec son fils Nathan.Propos recueillis par CC

«En 1995, dans ce qui s'appelait encore 'L'Événement du Jeudi', Emmanuel Carrère avait écrit un article sur ce fait-divers. Jacques Audiard avait voulu en faire un film, et avait demandé à Alain Le Henry de développer le scénario. Comme cela arrive parfois, il a eu envie de faire autre chose, mais le producteur pensait que ça valait le coup de continuer le projet. Ils m'ont proposé de reprendre le film, en pensant que cette histoire d'enfance difficile pouvait m'intéresser. Je me suis donc réapproprié le scénario. Comme j'avais besoin d'un coscénariste et que j'avais envie de travailler avec mon fils, j'ai demandé à Nathan de le réécrire avec moi». Carrère, Audiard et Miller se connaissent bien. Miller avait adapté 'La Classe de neige', le livre d'Emmanuel Carrère (un enfant abusé sexuellement par son père), et Jacques Audiard avait écrit, avec son père Michel, le scénario de 'Mortelle Randonnée', qui traitait... d'un père qui recherchait sa fille ! «C'est pain béni pour les journalistes, ce genre de coïncidences ! Mais je vous jure que ce n'était pas quelque chose de conscient...» Toujours est-il que la collaboration entre Miller père et Miller fils ira, pour la deuxième fois après le documentaire Marching band sorti en août dernier, jusqu'à diriger ensemble le film : «Ça s'est passé, c'est tout. Nathan n'arrivait pas à financer son premier film en tant que réalisateur, alors je lui ai proposé de coréaliser celui-là. Durant l'écriture, j'apportais plus de richesse sur la peinture des adultes, mais Nathan permettait d'être plus près du personnage de Vincent Rottiers».

«La plus grande simplicité possible»

Les deux se retrouvent sur les références qui leur ont servi pour envisager la forme du film, et qui donnent un ton nouveau au cinéma de Claude Miller : «C'était des références un peu écrasantes. Quand on se demandait à quel genre de films ça pouvait ressembler, on pensait aux frères Dardenne ou à Cassavetes. En tout cas, on ne voulait pas de musique, pas d'acteurs trop connus, pour conserver un effet de réel maximum. Notre envie était d'aller vers la plus grande simplicité possible, il fallait qu'on y croit, donc il fallait éviter le romanesque psychologique et les effets». Le film surprend donc par son caractère sec et moderne, après le très académique 'Un secret'. «Ce sont les sujets qui dictent le budget et la forme... Mais sur 'Un secret', je peux vous assurer que j'ai beaucoup expérimenté ! La règle veut que quand on n'a pas beaucoup de sous, il faut avoir des idées. Mais pas une fois dans ma carrière je ne me suis retrouvé avec un budget insuffisant par rapport à mes ambitions».

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