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«Je suis né dans une cave, à côté d'une fabrique de confitures de figues aux environs de Tunis le 10 avril 1944, un lundi de Pâques... J'ai fait des boules pour, avec elles, être quelque part et exister. J'ai fait des boules pour les lancer devant moi et briser les murs qui m'entourent. J'ai écrit des textes sur les yeux pour creuser des ouvertures partout autour de moi», écrit l'artiste et poète Jean-Luc Parant. Depuis plus de quarante ans, inlassablement, Parant (le plasticien) fabrique des boules. Des boules en terre cuite, en papier ou en cire, des boules massives ou frêles, lisses ou grenues, joyeuses ou mélancoliques. Elles prolifèrent en agencements géométriques ou en amas chaotiques, peuplant musées et galeries de leur puissante et mystérieuse présence... À la galerie Martinez, on découvrira un imposant éboulement, des boules occupant les rayonnages de bibliothèques au côté de leurs empreintes en creux ou de leurs «portraits» dessinés, et la première boule de l'artiste réalisée en 1968 ! Ces œuvres à connotation archaïque sondent et chantent les forces immémoriales de la terre et du feu, de la matière et des premiers signes humains, du sexe et du regard. Fervent admirateur d'Héraclite et de Rimbaud, l'artiste poète se situe à la lisière des choses et des mots, donnant pour but, à l'écriture comme à l'art, d'émouvoir autant que de représenter. Émotions qui transitent notamment par les yeux, comme dans ces dessins du début des années 1960 où l'œil grimpe des échelles, fait des numéros d'équilibriste, glisse sur une pente, rencontre son semblable entre deux traits... Jean-Emmanuel Denave
Jean-Luc Parant, «Rêve de boules»À la Galerie José Martinez jusqu'au samedi 13 mars.