Musique / S'il n'y a plus d'âge pour partir à la retraite, il n'y a pas d'âge non plus pour en revenir. Slow Joe, 67 ans, en est sans doute l'exemple le plus criant. Des années que cet Indien né à Bombay vivait paisiblement à Goa au rythme, lent donc, du soleil et des petits boulots. Au rythme aussi des chansons qu'il interprétait pour son plaisir depuis des décennies. C'est au cours d'un voyage sur place que le musicien lyonnais Cédric de la Chapelle rencontre Joe le lent, tombe en arrêt devant son talent sexagénaire et l'enregistre a capella. De retour à Lyon, il compose la musique qui lui semble aller avec et deux ans plus tard, Slow Joe estomaque en improbable découverte des Transmusicales, accompagné d'un groupe mis au point par Cédric, The Ginger Accident. Entre album à venir et documentaire en préparation, le conte de fée est tel qu'on se pince presque pour y croire. Mais au-delà, il y a la musique. Et le fait est que, tout en ne gâtant pas l'histoire, elle se suffit à elle-même : Slow Joe chante comme Elvis soudainement téléporté dans le corps d'un Sammy Davis Jr croisé Gandhi. Pour Cédric de la Chapelle, même si l'intention n'était pas là c'est aussi l'occasion de prouver quel songwriter, musicien, arrangeur, il peut être. Il l'avait déjà prouvé avec son groupe S. remarqué il y a trois ans à Dandelyon et dont les spasmes noises ne dissimulaient pas des qualités musicales que le confinement dans l'avant-garde coinçait un peu dans l'ombre. C'est sans doute pour cette raison que la rencontre entre la carpe Joe et le lapin Cédric apparaît aussi évidente qu'elle était improbable. SD Slow Joe & the Ginger accident
À l'Epicerie Moderne, mercredi 17 mars.
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