De Dean DeBlois et Chris Sanders (ÉU, 1h38) animation
N'en déplaise aux fans de Shrek dont il a fait le succès, le studio Dreamworks a fait mal au cinéma d'animation depuis dix ans. Trop de démystification, de vulgarité, de connivence à renfort de second degré, bref l'antithèse de Pixar où règnent classicisme et bon goût. Sans sortir entièrement du tunnel, Dragons sauve enfin l'honneur du studio dont l'esthétique et le ton définissent l'identité des films. On ne change pas les mauvaises habitudes : ironie, jeunisme, coolitude et modernisme putassier répondent toujours présents. Mais ce récit d'amitié entre un jeune viking et son dragon révèle de beaux moments d'initiation et d'apprivoisement. Quelques jolies scènes d'ivresse aussi, en action et en vol, lors d'ascensions vertigineuses menant à la contemplation de paysages soignés, comme l'ensemble du film. Bien sûr, les références inavouées à «Pokémon» font sourire en coin. Les tentatives de greffe avec le preteen movie (l'adolescent viking marginal rêvant de s'intégrer à sa communauté est la honte de son père, chasseur de dragons aguerri) sont parfois forcées par un scénario balisé. En dépit de ses faiblesses, Dragons trouve un réel souffle de mise en scène et sait faire exister son personnage. Ce n'est pas le Pérou, mais Dreamworks tient son chef d'œuvre.
Jérôme Dittmar