ENSATT boulevard
Par Nadja Pobel
Publié Mercredi 14 avril 2010
Théâtre-découverte / Les courtes pièces de Molière (en un ou trois actes) constituent une formidable matière de travail pour les étudiants en théâtre. Virtuose, tragi-comique, en prose, cette langue impose le rythme soutenu du jeu. Molière a écrit "L'Amour médecin", "Le Mariage forcé" et "La Jalousie du barbouillé" données à l'École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) dans les années 1650-1660 avant d'être pensionnaire du roi Louis XIV. Il promenait alors dans les villes de province, et notamment à Lyon, son "Illustre théâtre" sur des tréteaux. Ce décor léger a été recréé par les apprentis scénographes de ENSATT qui offrent une large scène à des comédiens volubiles. Les onze acteurs n'ont pas toujours l'âge de leurs personnages. Ismaël Tifouche Nieto, dans la peau du premier Sganarelle, paraît bien frêle de premier abord mais se révèle rapidement à la hauteur de ce père abusé par sa fille. Dans le rôle du docteur-philosophe, Jérémy Lopez excelle en intellectuel qui n'écoute que lui. Satire de la société de l'époque, Molière utilise avec finesse le rire pour écrire des satires et signe ainsi des œuvres a priori mineures mais plus profondes qu'il n'y paraît. La mise en scène de Claude Buchwald, en revanche, ne fait pas vraiment confiance à ce texte solide. Les pleurs comme les rires des personnages sont amplifiés et sur-joués, des répliques ont été ajoutées pour moderniser ces textes qui n'ont pas besoin de l'être (le chicungugna et la grippe A s'ajoutent à la liste des maladies énumérées par le médecin, le footballeur italien Materazzi apparaît étrangement dans une litanie d'insultes...). Buchwald transforme maladroitement Molière en théâtre de boulevard, mais ne parvient heureusement pas à lui retirer tout son sel. Nadja Pobel
La Folie SganarelleÀ l'ENSATT, jusqu'au 23 avril.