De Tom McGrath (ÉU, 1h35) animation
Pour cette relecture façon "Shrek" des mythologies de super-héros, les studios Dreamworks ont convoqué quelques cerveaux experts en la matière : Ben Stiller (producteur) et Justin Theroux (co-scénariste) pour le pastiche, Guillermo Del Toro (conseiller artistique) pour la culture geek. Ils ont cependant oublié l'essentiel : un chef d'orchestre pour agencer tout cela, et pas un ouvrier impersonnel laissant l'image s'agiter entre références purement yankees, 3D dégoulinante, couleurs criardes et personnages débiles. Pénible à regarder, "Megamind" est toutefois intéressant à décrypter. Car l'anti-héros bleu Megamind, c'est tout simplement Barack Obama. Dès le départ, son affiche de campagne reprend celle du président, remplaçant le "Yes we can par" un "No you can't". C'est donc la vision réactionnaire et républicaine d'Obama que le film dialectise : un dictateur socialiste, héros du mal et égocentrique, qui vide les banques et les magasins. Le film va opérer une réconciliation avec le super-héros blanc, fatigué et impuissant, autour d'une menace commune : un geek gros et roux — la vision la plus caricaturale de ce type depuis "Cyprien" ! Au moment où Julian Assange devient l'ennemi public n°1 de l'administration américaine, on peut dire que "Megamind" est un film plutôt nul, mais assez visionnaire.
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