De Banksy (Ang-ÉU, 1h26) documentaire
Figure insaisissable et mystérieuse (on ne connaît ni sa véritable identité, ni son visage) du street art, Banksy est connu pour ses actions d'éclats, notamment l'œuvre qu'il a créée sur le mur de Gaza. "Faites le mur" ne devait pas être un film de Banksy, mais un film sur Banksy réalisé par un Français installé en Californie, Thierry Guéta, vidéaste amateur et compulsif ayant décidé d'immortaliser la démarche des street artists. Finalement, les deux vont échanger leur place : Guéta se lance dans la création graphique, Banksy récupère ses rushs et les complète par un documentaire sur ce type bizarre devenu totalement illuminé et mégalo. Autant le dire tout de suite : "Faites le mur" ressemble à un immense canular, un fake génial façon Orson Welles, mais présenté avec un tel sérieux que le doute subsiste après la projection. Peu importe le degré de véracité du film, en fait... Car Banksy, qu'il invente la réalité ou qu'il se contente de la remonter, nous plonge dans des gouffres d'interrogations fertiles sur ce qu'est un artiste. Pour lui, c'est le geste, et pas l'œuvre, qui compte ; sa gratuité est sans prix, et c'est le monde de l'art qui finit par lui donner une valeur, quitte à transformer le créateur en machine à produire. Avec ce film, Banksy semble se livrer dans le même mouvement à une critique sardonique de cette récupération ambivalente — à la fois reconnaissance et banalisation — mais aussi à une réappropriation de son outil : la caméra remplace la bombe aérosol et "Faites le mur" est un formidable tag lancé sur les écrans de cinéma.
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