De Mariano Cohn et Gaston Duprat (Arg, 1h50) avec Rafael Spregelburd, Daniel Araoz...
Designer à succès, Leonardo a tout ce dont on pourrait rêver : une famille, une belle bagnole, de la thune en pagaille, la seule demeure jamais conçue par Le Corbusier sur le continent américain... Le jour où son voisin Victor décide de percer une fenêtre donnant directement sur son intimité, ses fragiles assises vont vaciller jusqu'au vertige. D'un canevas de comédie en apparence classique, reposant en grande partie sur un choc des cultures, le scénario de Rafael Spregelburd (excellent dans le rôle principal, tout comme l'imposant Daniel Araoz) brode une variation enlevée sur le thème de la lutte des classes, dont l'humour corrosif naît d'un retournement de perspective que les deux réalisateurs maîtrisent par ailleurs parfaitement : on a beau voir l'action du point de vue de Leonardo, et donc subir à son rythme les événements causés par son voisin, on perçoit vite qui est le gros con de l'autre. Sans foncer pour autant dans une lecture binaire de cette subtile guerre des nerfs aux irrésistibles ponctuations comiques, L'Homme d'à côté fait de plus en plus sens au fil des scènes, déroule une construction jubilatoire avant de céder à la facilité d'une conclusion expéditive – dommage, sans ce bémol, on frôlait le chef-d'œuvre.
François Cau