Au printemps dernier, elle montait Le Dragon d'or, chronique pour quinze personnages jouée par cinq acteurs qui, à trop brouiller les pistes, perdait le spectateur en route. Elle a choisi d'associer à ce texte Une nuit arabe, pièce plus abordable que la précédente et une des plus jouées de l'auteur allemand.
De l'une à l'autre de ses mises en scène, Claudia Stavisky a gardé presque la même troupe et un dispositif scénique strictement similaire, tout en hauteur et en escaliers, qu'elle maîtrise bien mieux que dans Le Dragon d'or et qu'elle exploite plus judicieusement. Reste ce texte, une sorte de manuel de l'anti-théâtre où chaque action est énoncée au préalable par le monologue intérieur d'un personnage brisant ainsi net toute fluidité de la narration. Mais comme la fuite d'eau qui mène les personnages de cet immeuble à se rencontrer, peu à peu s'infiltrent dans le récit des fantasmagories et des changements de temporalité qui distordent l'histoire de départ, basique, et obligent le spectateur à faire une gymnastique mentale parfois surréaliste mais amusante (il faut imaginer Fatima monter du 4e au 5e étage alors que sous nos yeux, elle descend d'un niveau). Plus Schimmelpfennig se décolle du réel, plus Stavisky doit faire preuve de précision dans son travail. Elle y parvient dans un étrange élan de déconstruction du théâtre. Nadja Pobel
Une nuit arabe
Aux Célestins, jusqu'au 16 octobre, en alternance ou en duo avec Le Dragon d'or.